Potiche par Le Blog Du Cinéma
Première scène: Catherine Deneuve en jogging rouge trois bandes fait des étirements au milieu d'une clairière. Soudain elle aperçoit une biche, un oiseau, des lapins en plein coït, un écureuil et sort de sa poche un petit carnet pour écrire un poème nunuche. Moment magique. On l'aura vite compris ce film est centré sur l'actrice que François Ozon avait déjà fait tourner dans 8 Femmes. Après avoir adapté une pièce de Rainer Werner Fassbinder pour Gouttes D'Eau Sur Pierres Brûlantes, il y a quelques années, le réalisateur français renoue avec la veine théâtrale en s'inspirant d'une pièce de boulevard de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy. Décor kitsch, musique de variété française(Il était une fois), cheveux brushés et laqués, jupe trapèze à faux plis, Shetland motif jacquard, on est immédiatement immergé dans un univers coloré où l'on surprant Catherine Deneuve dans sa cuisine qui range la vaisselle en chantant Michèle Torr.
La potiche va se découvrir de nouvelles aspirations et s'épanouir en bousculant les idées misogynes dans l'air du temps. Fabrice Luchini joue un mari odieux qui fait du sarkozisme (casse-toi pauvre con, travailler plus pour gagner plus) et Gérard Depardieu un communiste a la coupe de cheveux version Bernard Thibault. L'action se situant il y a trente ans, au début du féminisme, permet au réalisateur de filmer des situations abérantes et de se rendre compte que rien n'a vraiment changé. Sous ses air de comédie, le film dénonce les traits de la bourgeoisie et de la pensée formatée. Suzanne Pujol se sent pousser des ailes, s'émancipe et prend goût au pouvoir mais toujours avec bon sentiment, sans testostèrone agressive. Il s'agit aussi d'évoquer un passé révolu à travers la figure paternelle qui fonda l'entreprise mais aussi un avenir en parlant du marché des parapluies en Chine (un parapluie pour deux personnes ), de design et de marketing avec toujours un soupçon d'ironie. C'est en fait un miroir de notre société que propose François Ozon [...]