François Ozon réunit un casting haut en couleurs pour servir les besoins d'une oeuvre se voulant féministe. Imaginez plutôt, Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Karin Viard, Judith Godrèche et Jérémie Renier. Une artillerie lourde, mais le jeu en valait-il la chandelle ?
Suzanne Pujol (Catherine Deneuve) est une potiche. Sa vie se résume à son jogging quotidien et s'occuper du foyer, tandis que son mari, Robert (Fabrice Luchini), un homme insupportable, dirige l'entreprise familiale d'une main de fer. Suite à une grève des salariés ainsi que des problèmes de santé, celui-ci sera contraint de prendre du repos, et laisser temporairement sa place à sa femme. Ignorante du milieu, elle ne tardera néanmoins pas à trouver ses marques, soutenue par son fils, Laurent (Jérémie Renier), ainsi que par Babin (Gérard Depardieu). Peu à peu elle gagnera le coeur des gens, au point de laisser son mari complètement sur le carreau, devenant à son tour la potiche.
Si le pitch n'est pas nouveau, Working Girl étant déjà passée par là, le reste ne s'avère guère plus satisfaisant. Certes les acteurs sont tous particulièrement bien choisis et dirigés, plaisants dans leurs rôles, et toujours justes, mais hélas le film pèche par abus de féminisme, sombrant bien plus dans la parodie à la sauce américaine que dans le pamphlet progressiste.
La partie burlesque de l'oeuvre est loupée, souffrant d'un manque de répliques piquantes comme on aurait dû, ou pu, s'y attendre. Ozon se perd dans son histoire, et à défaut de suivre une ligne droite, essaie d'aller manger à tous les râteliers, histoire d'avoir un minimum de substance à servir, quitte à ce qu'elle soit indigeste. Embrouilles de famille, coucheries, coups bas, politique, personnalités changeantes, en somme un gros imbroglio auquel on a du mal à accrocher, le fil conducteur changeant constamment de direction.
Malgré tout, Fabrice Luchini donne tout ce qu'il a, jubilant dans son rôle d'homme détestable, de même que Catherine Deneuve, qui malgré son rôle bordélique, réussit à lui donner un tant soit peu de crédibilité. Karin Viard excelle également dans son rôle de secrétaire éconduite par son patron, et seul son monologue sera ce que l'on retiendra du film.
Bref, Potiche n'est pas la comédie que l'on espérait, mais plutôt un simili-vaudeville un peu chiant, sauvé de justesse par un casting qui donne tout ce qu'il peut pour que son public ait envie de le suivre jusqu'au bout de l'aventure. Dans le genre féministe Winter's Bone fait bien mieux, et surtout bien plus émouvant. Certes certains clins d'oeil feront cependant plaisir (casse toi pauv' con...), relevant le niveau, et la brève apparition de Sergi Lopez fera partie des bonnes surprises du film. On appréciera également une reconstitution de la fin des années 70 plutôt bien fichue, fourmillant de détails criants de vérité, soutenue par une bande-son adéquate, mais ce ne sont hélas que quelques bons points parmi un nombre un peu trop élevé de mauvais.
Pour conclure, si vous espériez une comédie féministe de qualité, allez chercher ailleurs, la farce étant bien trop codifiée pour être crédible, et surtout, pas drôle.
Mention spéciale pour Depardieu, touchant dans son rôle de gros nounours coco et fleur bleue, dont le personnage se révélera finalement le plus attachant.