Ah bah merde ! Moi qui avais adoré "Persepolis" de la même Satrapi, j'avoue que la chute est rude avec ce "Poulet aux prunes" ! Le pire, c'est que la personne qui parle encore le mieux du problème de ce film reste encore un personnage du film lui-même. A un moment, le maître violoniste du héros dit à son disciple : « ta technique est excellente. Mais ta musique est à chier (dixit). » Il ajoute même : « Tu n'as pas su saisir le souffle ». J'avoue : j'adhère à la définition pour ce qui est de ce "Poulet aux prunes". Techniquement et visuellement, c'est bourré de bonnes idées. On retrouve l'inventivité de "Persepolis" et parfois mêmes quelques délires formels qu'en d'autres circonstances j'aurais encensés. Mais voilà, pas un seul instant j'ai réussi à donner vie à cette accumulation d'artifices. L'un des responsables les plus voyants est à mon sens l'écriture des dialogues. Pour quelqu'un qui parle de souffle dans la musique, c'est un comble de trouver une telle pesanteur dans tout ce qui se dit oralement dans ce film. D'abord, il y a cette sécheresse de l'écriture absolument insupportable : toutes les phrases prononcées dans ce film ne font qu'accumuler des poncifs et des stéréotypes d'usages ou bien alors elles se contentent d'expliciter ce que la réalisation ne parvient pas à suggérer. A noter d'ailleurs : la présence permanente d'une voix off ! A mes yeux, cette voix off qui se sent obliger d'expliquer toutes les trois minutes ce que ressentent les personnages et ce qui leur arrive suffit à elle seule à démontrer les carences de la réalisation. Et puis, souvent l'un ne pas sans l'autre, les textes étant insipides, le jeu d'acteur s'en ressent forcément derrière. Quelle plaie de les écouter : on les croirait plus en train de passer un examen chez l'orthophoniste qu'en train de chercher à donner vie à des personnages. J'en veux pour preuve le fait qu'on ait dû entendre en tout est pour tout au moins 826 fois le prénom Nasser Ali dans ce film. Où parle-t-on comme ça franchement ? Pour un film qui parle de musicalité, ça fait quand même vraiment tâche, vous me le concèderez bien... Je suis désolé de paraître aussi insensible à l'égard d'une œuvre qui semblait pourtant faite avec les meilleures attentions, mais la démarche est tellement caricaturale que d'un sujet simple on passe à une approche au final simpliste, et comme toutes les trouvailles visuelles et scénaristiques ne se font pas au service d'une histoire qui a un vrai souffle, tout tombe à l'eau... Dommage donc, deux fois dommage même, Marjane Satrapi a voulu trouver son créneau entre drame et film imagé à la Jeunet, mais hélas faute de rythme, de densité et – j'aime pas dire ça mais c'est qu'il en est au final – de talent, je n'y ait vu au final qu'un banal artifice sans âme... C'est dur mais me concernant ce fut là malheureusement ma triste réalité...