Au départ, le jeu quelque peu figé des comédiens, la voix off venant souligner l'évidence, nous font penser que l'on entre dans un film assez creux et plutot digne d'un "téléfilm" visionnable dans son canapé par soir de forte pluie.

Mais c'est quand il entre dans le vif de son sujet en amenant son personnage de violoniste, surprenant Amalric tout en justesse et en retenue, vers sa décision d'aller vers la mort que le film trouve enfin son parti pri et sa force dans le récit des huit journées (on nous l'annonce dès le début) qui entraîne le personnage vers la mort.

Tout est d'emblée posé pour faire un conte, les personnages "fantastique" (deux interventions inégales de Jamel Debouze), les personnages mystérieux et envoûtant qui ne disent que quelques mots mais des mots qui suffisent à nous en laisser un moment l'image (Mastroianni a la grande classe ici) et le récit coloré de l'Orient, se risquant parfois à revenir, au sein même de la direction d'acteur, à ce qui avait fait le succès de Persepolis : l'animation.

Les huit journées permettent donc à Nasser Ali, au travers de la voix d'Edouard Baer comme narrateur de l'oscialattion qui trouve là sa justification, de revivre des étapes de sa vie. On va osciller entre passé et futur dans ce récit haut en couleur et en dénouements.

On retiendra de ces journées : une rencontre horlogère, un ange de la mort magistralement interprété par Baer et surtout la parodie hilarante de la famille américaine.

Les deux auteurs fonctionnent donc par images et par codes cinématographiques précis, pétris de références et de beauté.

Le plus intéressant du film reste dans l'aspect de conte donné au récit, qui le détache de tout réel et le rend épatant, ce parcours d'un homme qui choisit sa mort (pas n'importe laquelle, il y a bien réfléchit).

Un conte qui nous dit qu'une simple décision peut briser une vie, comme on jette un violon sur le sol, la seconde avant qu'il se fracasse sur le sol, celle avant que tout bascule.

Un conte où il n'y a pas le célèbre "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" mais qui nous laisse avec les yeux qui pétillent d'avoir vu autant de beaux personnages se croiser, entre humour, drame et recomposition cinématographique.

La musique reste un leitmotiv important, celle qui vient arracher des larmes au coeur du public de Nasser ali, celle qui ne peut subsister qu'au profit d'une âme qui l'anime, la célèbre phrase de Platon sur le son et le souffle nous l'annonce...

Un conte dont la magie s'opère à travers de l'apparition toute en couleur, derrière un nuage de fumée (leitmotiv des huit journées), d'une beauté de mise en scène époustouflante...

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le 19 nov. 2011

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eloch

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