Engendré par l’Amicus, Poupées de cendres est une réplique aux mini-Hitchcock produits par la Hammer. Freddie FRANCIS, qui fut réalisateur pour l’une et l’autre compagnie, reprend le chemin du thriller après Hysteria (1965), Nightmare (1964) ou Paranoiac (1963). L’histoire concoctée par Robert BLOCH (l’auteur de Psychose) reprend des thèmes qui lui sont chers : la mère omniprésente et castratrice, le fils dévoué corps et âme à sa génitrice et la psychopathie. Des thèmes saupoudrés d’une touche fantastique à travers la mise en scène des assassinats. Ainsi après chaque meurtre, la police retrouve à côté du cadavre une poupée à l’effigie de la victime. Parmi les suspects de l’enquête menée par l’inspecteur Holloway (Patrick WYMARK), une vieille dame d’origine allemande coincée dans un fauteuil et, justement, collectionneuse de poupées qu’elle nomme « mes enfants » et son fils Mark qui n’a pas l’air très équilibré. Mais sont-ils vraiment coupables ? Le spectateur, un tant soit peu futé, aura tôt fait de le confirmer. L’intérêt de cette production est ailleurs. D’abord, dans une ambiance so british typique de la perfide Albion : l’inspecteur de Scotland Yard est d’un flegme à toute épreuve même quand il manque de sauter avec sa bagnole, ses interrogatoires mêlent humour et déduction à l’instar du plus célèbre des détectives britanniques, Sherlock Holmes.
Ensuite, par la variété des meurtres : le premier zigue est écrasé par une bagnole, un deuxième (Alexander KNOX) est empoisonné, un troisième (Robert CREWDSON) est pendu alors qu’un quatrième est brulé au chalumeau. Des meurtres variés donc mais jamais montrés avec explicité, Freddie FRANCIS a de la retenue, et ce même pour l’érotisme : ainsi Ledoux referme un rideau pour nous cacher le déshabillage (de dos !) d’une jolie créature. Enfin, la grande qualité de Poupées de cendres, comme dans bon nombre de productions anglaises, demeure l’interprétation de haut vol, à commencer par Margaret JOHNSON, parfaite en vieille acariâtre, siphonnée du ciboulot qui parle à ses poupées comme si elles vivaient. Toutefois, tous pourraient être cités, de Thorley WALTERS, idéal pleutre victimaire à Patrick WYMARK, comédien disparu bien jeune à 44 ans juste après le tournage de La nuit des maléfices à qui la défroque d’un inspecteur bougon et têtu sied à merveille.
The psychopath, presque cinquante ans après sa réalisation, fonctionne toujours à la perfection et donne au spectateur un bon moment de cinéma. Que demander de plus ?
Didier_Lefevre
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le 28 oct. 2014

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