Premier opus de la trilogie du dollar, Pour une poignée de dollars voit l'Homme qui n'avait pas de nom (Clint Eastwood, qui envoie du lourd déjà) jouer les arbitres dans le duel entre la famille des Baxter et celle des Rojos. Cet as de la gâchette qui n'a pour seule loi (du moins le croit-on, une bonne partie du film) que la couleur de l'argent, vient offrir ses services aux Rojo, tout en s'arrangeant pour que les Baxter l'utilisent également.


C'est un film vraiment bien maîtrisé, un western de qualité, qui allie scénario efficace et mise en scène sinusoïdale. Le personnage incarné par Clint Eastwood campe déjà ses valeurs, plus ou moins définies; qu'il conservera dans les autres volets de la trilogie. Son intérêt personnel d'abord, de préférence sans faire du mal à ceux qui n'y sont pour rien, les passants qui n'ont rien pour se défendre. Sans foi ni loi; pas forcément vrai pour ce cow-boy donc, qui laisse tout de même bien planer le doute sur son honnêteté jusqu'à la fin.


Un western spaghetti. On dit que c'est le premier. C'est en tout cas le premier à recevoir un tel accueil au niveau international. Il définit en quelque sort ce que sera un immense champ de production cinématographique durant la décennie qui suit sa sortie. Des personnages qui n'en ont rien à faire de l'honneur donc (contrairement aux westerns classiques qui érigent en héros ces hommes de l'ouest, magnifiquement forts, puissants dans leur virilité, vertueux dans leur attachement à l'honneur) et qui n'ont d'yeux que pour l'argent. Le ton est constamment cynique, évitant soigneusement l'épique et le premier degré, pour plonger allégrement dans le second degré et l'humour qui en découle. La mise en scène, particulièrement chez Leone, est bourrée de références aux westerns classiques, des clins d'oeil pas toujours dénués de sarcasme. Dans Pour une poignée de dollars, l'homme sans nom aiguise déjà ses saillies humoristiques, même si j'ai trouvé le film bien moins drôle que les deux autres numéros de la trilogie. Tout est un poil moins bien. Même le pitch et le scénario sont, quoique de très bonne facture, moins ambitieux que les deux qui vont suivre.


Disons que, avec pareil matériau initial, Leone a fait le meilleur film possible. Il fera bien, bien mieux plus tard.

gaspard24
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Objectif: se forger une vraie culture ciné et Films vus en 2015

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le 14 août 2015

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