Denis Villeneuve s’essaie à la science fiction, et il le fait avec des intentions louables, préférant la fable humaniste au film catastrophe.
Quand des aliens s’approchent de la Terre et que le monde entier est confronté à une présence qu’il ne comprend pas, se pose le problème de la communication.


La communication au centre de tout:


celle des humains entre eux: coopération internationale, collaborations diverses au sein de chaque délégation, échange/partage de savoirs. Sur ce plan le film oublie l’américanisme primaire en rappelant régulièrement qu’il n’y a pas de “maître du monde” et que face à une attaque extra terrestre il y a fort à parier qu’un des soucis majeurs serait interne. Comment parler d’une même voix quand chacun estime que sa souveraineté lui donne des prérogatives et responsabilités? Comment s’entendre quand on est incapable de le faire en temps ordinaire?


L’autre communication, celle qu’on attend de voir, c’est celle avec les aliens.
Comment créer un lien à partir d’un système qui nous est inconnu? Comment comprendre ou faire comprendre des notions? Et surtout une fois qu’on a établi un lien, comment être certain de l’interprétation du message?
Sur ce plan le film est passionnant. Il soulève des questions qu’on imagine à peine quand on pense traduction. On a beau savoir que certains mots n’ont pas d’équivalence dans toutes les langues, et que la plupart des traductions sont impossibles, on oublie facilement les précautions utiles pour bien se faire comprendre.
Un vaste sujet que le film aborde avec minutie.


C’est passionnant, et on se contenterait de ces thèmes pour apprécier le film, au lieu de ça, comme pour en ajouter une couche, on nous pond une histoire de flash backs permanents sur la vie de l’héroïne.
En vérité, on comprend très vite ce qu’ils signifient, mais Villeneuve fait traîner son idée jusqu’à la révélation qui n’en est pas une puisqu’on a déjà compris.
Cette intrigue aurait pu aussi mériter un film, mais l'agrégation des deux parties: communication et révélation ne fonctionne pas.


On peut être intéressé par les deux trames mais déçu de leur juxtaposition, et avoir le sentiment que l’ensemble est incomplet, comme s’il manquait d’un côté comme de l’autre le paragraphe qui viendrait clore la boucle.
Du coup on peine à apprécier comme on le devrait le beau travail sur les images, la délicatesse du sujet, et l’originalité de l’ensemble.
Les moments passionnants du récit sont coincés entre tellement de choses moins appréciables qu’on les oublie trop facilement, c'est idiot parce qu'il y a vraiment beaucoup de bonnes choses tentées et abordées, mais il en manque aussi pour parfaire l’expérience.

iori
6
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le 14 déc. 2016

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iori

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