Premutos
5.5
Premutos

Film DTV (direct-to-video) de Olaf Ittenbach (1997)

Premutos se loge loin dans les méandres du bis zeddard et du trash allemand. Connu par les adeptes et inconnu par les autres, c'est un 'culte' du gore et l'un des films réputés les plus sanglants : il serait deuxième derrière Braindead et compte des dizaines de morts particulièrement corsées. Les amateurs seront ravis, mais seulement les plus avertis et coutumiers de l'underground : car Premutos n'est pas un simple catalogues d'exploits violents, c'est aussi une fantaisie d'alcooliques possédés sur l'énième retour d'un ange déchu.

Il faut s'imaginer du Jean Rollin (Le lac des morts-vivants) avec de l'humour, pas forcément plus excentrique mais bien plus agressif. Olaf Ittenbach manage un remarquable sens de l'équilibre le très glauque et l'hystérie la plus pure. Il n'est pas dans la farce potache plus ou moins frontale comme les films de Peter Jackson (Bad Taste, Braindead) ou les parodies zombies par exemple (tel Zombieland) : il y a surtout ce côté marginal, limite occulte, qui l'en distingue. Jackson est trivial, Premutos est foncièrement décalé, souvent provocateur, entre le bal de caricatures et le délire (le père et son éducation à la dure ; le médecin sorti de South Park ; l'invitée excentrique) tout en ressemblant à un cousin cheap et barré d'Excalibur.

Ce ton original fait de Premutos une expérience plutôt rafraîchissante, empêchant globalement les chutes de tension dans une séance recelant somme toute beaucoup de moments dépourvus de gore. Le spectacle devient plus plombant justement dans le dernier tiers, quand le rythme se traîne juste avant l'avènement du festival splatter. C'est alors impressionnant, peu passionnant, mais là encore Ittenbach marque des points sur l'atmosphère, servie par une BO excellente. Celle-ci pourrait souligner le décalage avec le niveau plutôt nanar de Premutos ; au contraire elle sublime son caractère.

Un joli OCNI en somme, sérieux et décontracté. En route vers l'outrage gore il amalgame : flash back sentimentaux, drame léger, comique scabreux et horreur stricte. Inutile de chercher les frontières entre esprit burlesque et envolées mystiques discount. Olaf Ittenbach a poursuivi sa carrière en restant dans les circuits underground. Aucun de ses films ultérieurs n'a eu le retentissement de son Premutos.

https://zogarok.wordpress.com

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le 21 févr. 2015

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Zogarok

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