Ouf, le catholicisme a enfin repris le dessus !

Face aux vampires, un seul refuge : la religion ! Si le récent Stake land nous montrait des intégristes encore plus dangereux que les suceurs de sang en question, Priest nous réconcilie avec la religion en faisant de son héros un prêtre, un guerrier stylé et bourrin qui va renvoyer sous terre des cadavres ambulants avec autre chose qu’un pater noster. La religion, ça a du bon, quand elle n’accorde pas de pouvoir sur les autres. Avec sa vision d’une société dominée par l’Eglise et l’usage du code des westerns, Priest est une petite truculence inattendue qui reste agréable à suivre.


Priest est assez intéressant pour son postulat en « décalage » avec les goûts actuels, la religion n’étant décidément pas en odeur de sainteté ces temps ci (en tout cas, le public des divertissements bourrins y est moins habitué). Sa volonté d’ériger la religion comme dernier rempart entre l’homme apeuré et la bête immonde témoigne déjà d’une légère tentative de réflexion sur le rôle de l’Eglise en société. Mais le traitement du thème reste minimaliste, identifiable et par conséquent moins « décalé » que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Ainsi, notre héros est un bon prêtre qui connaît ses lectures et qui est gentil avec tout le monde (sauf les vampires), mais il entre en confrontation avec l’Eglise, qui lui ordonne de rester au calme. Le film est donc partisan de la thèse « Dieu oui, mais l’Eglise, non ! », ce qui relève gentiment de la facilité en termes de débat (oui à Dieu, mais non au côté humain de la religion). Mais si les vagues ambitions réflexives sur ces thèmes sont vite esquivées (passé la scène du confessionnal numérique rappelant THX, plus beaucoup de gros symboles), le divertissement est plutôt au rendez-vous, la fibre western venant titiller nos goûts cinéphiles avec des prêtres un brin mad maxien aux armes rutilantes (argent oblige), qui vont nous nettoyer différents secteurs infestés de bestioles. A ce titre, si les aspirants vampires ne sont guère impressionnant, le film nous réserve quelques moments de bravoures avec des créatures vampires plus balèzes, qui ont en tout cas de quoi concurrencer les Resident Evil en matière d’enjeu de combat et qui s’en sortent gentiment (le tout est correctement filmé, le montage se révèle lisible). Si l’intrigue ne surprend jamais vraiment : oh, les vampires projettent une attaque… Oh, le chef, c’est un ancien prêtre laissé pour mort ! Ce genre de révélation ne vient jamais créer la surprise, et sert plutôt de remplissage en attendant la prochaine scène d’action. A ce titre, le final se prend vraiment pour un western avec l’attaque d’un train et quelques petites cascades amusantes qui viendront gentiment conclure le spectacle. De ce spectacle sympathique, on pourra regretter au final deux choses : le message cousu de fils blancs sur l’Eglise (oh, des vieux qui veulent maintenir l’ignorance…) et l’introduction, sous forme de dessin animé complètement hors-sujet, essayant probablement d’économiser des ronds en investissant dans cette méthode. Un film passable au final, attachant pour son envie de divertir mais pas très offensif question innovations…

Voracinéphile
5
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le 4 déc. 2015

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