Au sortir de la guerre, les Japonais essayent de reprendre une vie paisible : on s'adonne à la cérémonie du thé, on va voir des pièces de Nô. La vie a repris son cours, et même si le paysage a un peu changé (Drink Coca-Cola), il n'y a pas de raison de ne pas sourire, même quand on va à l'hôpital pour vérifier sa tension, même quand on doit s'occuper de la maison depuis que sa mère n'est plus de ce monde. Oui mais voilà, la guerre a laissé des traces, les maisons s'occidentalisent, les savants écrivent désormais en anglais, et certains hommes (les plus ignobles) acceptent même l'idée du divorce. Non, non, on marche sur la tête. Heureusement, moi Noriko j'ai encore mon père que j'aime tant, avec lui à mes côtés, je n'ai pas besoin de devenir une femme, je peux rester une petite fille sage, comme avant. C'était tellement plus simple avant.
Oui mais voilà que de tous côtés on me presse, on me somme de me marier, voilà que mon père-même, lui pourtant si vertueux, s'apprête à se remarier, à tourner la page. Tous autour de moi ont adopté le nouveau monde, ont accepté la défaite, je suis seule maintenant. Puisque c'est ce que tout le monde veut, je vais me résigner, mon futur époux est séduisant, il est vrai, mais quelque chose me dit que je ne serai pas plus heureuse que lorsque je vivais avec mon père.
Le Japon se marie donc, à contre-cœur, et si certains sont ravis et parfaitement à l'aise dans cette nouvelle ère, les plus sages ont choisi de ne pas oublier, et de laisser un marque-page.



Ce fut le plus grand mensonge de ma vie. ”



Le Japon qui jusqu'à présent, avait découvert la culture occidentale et s'en réjouissait, est maintenant envahi et forcé d'adopter les nouvelles mœurs. Et c'est avec un sourire impassible qu'il accepte sa destinée, mais au fond de lui, il n'oublie pas ce slogan de la guerre「尊皇攘夷 (sonnō jōi)」Vive l'Empereur, dehors les étrangers (ou envahisseurs). Ce film est un avertissement, un rappel, un encouragement de la part d'Ôzu à tous les Japonais qui ont souffert de la guerre.


Malheureusement, Ôzu semble faire l'amalgame : tous les Occidentaux ne sont pas responsables de la guerre. Seules les banques ont commandité cette guerre. Seuls les puissants, qu'ils soient Occidentaux ou Japonais, ont vu dans l'occupation de la Corée, de la Chine, et plus tard du Japon des bénéfices à faire, peu importe le nombre de vies que cela détruise.

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le 7 janv. 2017

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Daigo05

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