
Emmanuelle Cuau nous avait laissé sans nouvelles depuis l'excellent Très bien, merci, en 2007. Autant dire qu'on est heureux de la retrouver et prêt à replonger dans son cinéma marqué par sa pertinence sociale et sa belle humanité. Comme son film précédent, Pris de court est une histoire d'engrenage, un enchaînement de situations qui pousse son personnage principal à devoir se battre pour ne pas couler. Très bien, merci mettait plus en question une trajectoire individuelle, Pris de court est davantage axé sur des enjeux familiaux avec pour "héroïne" une mère de famille contrainte de prendre des décisions pour sauver ce qui peut l'être. Bâti comme un thriller, avec un certain réalisme des fins de mois comme toile de fond, ainsi que la précarité du monde de l'emploi et la fragilité de l'adolescence, le film est écrit sans fioritures et installe Virginie Efira dans un rôle maternel et protecteur qu'elle joue avec une présence encore plus forte que dans Victoria. Si l'on aime le personnage et son courage, on ne peut hélas être aussi épris du film, et notamment de sa mise en scène, plutôt morne et sans élan, qui plombe largement son intérêt. Le dénouement, moyennement crédible et trop rapide, finit par faire du film une petite déception eu égard aux antécédents de la cinéaste.