Sur LV-223, même Dieu ne vous entendra pas crier
Cette préquelle à Alien est une réussite quasi-totale. Ridley Scott signe ici un grand film de science-fiction, redoutablement efficace et absolument effrayant (c'est sans conteste le film de SF qui m'aura le plus angoissé à ce jour). La tension est omniprésente et ne vous lâche plus jusqu'au terrible final. La galerie de créatures extraterrestres est viscérale à souhait et particulièrement flippante (l'Alien de 1979 fait même pâle figure à côté). Les effets spéciaux sont de toute beauté, les décors et le design des vaisseaux sont glaçants, les engins et la technologie high-tech ont de la gueule. De plus, cette photographie sombre aux tons gris / bleu est particulièrement réussie et appropriée à l'atmosphère, tout comme la musique.
Les acteurs sont également bons et Noomi Rapace crève l'écran dans son rôle (sa scène "chirurgicale" restera le moment fort du film). Michael Fassbender campe un androïde délicieusement cinéphile et maniéré (le plus humain des robots de la saga) et Charlize Theron transpire littéralement le sexe, sous ses tenues strictes et serrées, ainsi que sous ses airs autoritaires. C'est toutefois un peu dommage que le vieillissement de Guy Pearce soit si exagéré, car cela donne un rendu peu crédible qui sent la tonne de maquillage et de prothèses à plein nez. De plus, cela fait vraiment bizarre que son visage soit si ridé, alors que ses yeux paraissent toujours jeunes et vifs (les paupières ne tombent pas et restent parfaitement dessinées, sa transformation est donc ratée à ce niveau-là). Pourquoi ne pas avoir simplement recruté un acteur âgé ?
C'est aussi dommage que certains éléments du scénario restent assez confus (notamment la création du fameux alien, après avoir muté et muté dans pleins de créatures et d'humains différents, on perd un peu le fil à force). Les meilleurs moments du film sont l'opération d'Elizabeth Shaw et ce qui va suivre, les transformations horribles de certains personnages et la séquence de la tempête (tellement assourdissante et réaliste, que l'on a l'impression d'y être et d'étouffer. Pour peu, on s'envolerait presque). Avec Prometheus, Ridley Scott renoue avec ses grands succès de la belle époque, et cela fait plaisir à voir. Ce film est un grand moment de terreur et de palpitations assurées, mais aussi de cinéma tout court. Déjà culte.