Étant un fan des films de Michael Mann ("Heat", "Le Dernier des Mohicans", "Manhunter", "Ali") et un passionné de cinéma de gangsters ("Les Incorruptibles", "Scarface", "Les Affranchis", "L’Impasse", "Il était une fois en Amérique"), je dois bien reconnaître que j’attendais ce film avec impatience en 2009. Et une fois de plus, je ne fus pas déçu…


Petite pépite du genre, ce film écrit et réaliser par Mann, prouve encore une fois tout le professionnalisme du cinéaste. Il développe un film d’action sur vitaminé et passionnant, nous entraînant dans une aventure tirée de faits réels intenses, héroïque et violents à travers une Amérique qui vit l’une des plus grosses crises économiques de son histoire.


Le film retrace le parcours du braqueur de banque le plus célèbre des Etats-Unis, John Dillinger, campé par un Johnny Depp fulgurant. Une vingtaine de banques braquées, quatre commissariats et deux évasions de prisons, Dillinger, devenait logiquement l’ennemi public numéro 1. Ennemi pour les uns, idole pour les autres, le gangster, allait en l’espace d’une année apporter une forte dose d’allégresse et de divertissement au peuple américain.
Une population qui se délecte des frasques du bandit à travers les journaux, puisque l’homme qui donne tant de mal au gouvernement et limoge les comptes des responsables de la crise, devient une sorte de Robin des Bois, pour les nombreuses victimes de la grande dépression.


Mann a fait d’énormes recherches pour reconstituer le plus fidèlement possible le récit extraordinaire de ce truand. Il met en avant aussi bien l’homme, son arrogance, ses amitiés, ses amours, son goût du risque et ses tourments, ainsi que la lutte dans laquelle il s’engage avec un gouvernement bien décidé à en découdre. Hoover, qui est à la tête de la police d’état du pays, souhaite développer une police plus technique (FBI), et Dillinger devient le fer de lance de cette administration naissante. La traque intense et désespérer, va faire éclore une sûreté beaucoup plus professionnelle au sein du pays, c’est alors la genèse du FBI.
On peut d’ailleurs noter que les cibles d’entraînements aux tirs du bureau fédéral, représentent la silhouette de Dillinger.


Qu’est-ce que j’aime, les films de gangsters américains se situant au début du XXe siècle. Ils me permettent une évasion jouissive. L’élégance, la folie et l’impériosité de ces hommes qui n’ont peur de rien, me sidèrent, me fascinent et me laissent pantoises. Ils dégagent une classe et un fantasme pour chaque fan de liberté et d’aventure, et ce film en est le parfait emblème.
Si Johnny Depp est impeccable, que dire de son principal adversaire, Christian Bale ("American Psycho", "Batman Begins"), regard glacial et jeu taciturne, qui vient renforcer cette formidable traque, et intensifié une intrigue des plus absorbantes. Le casting est une fois de plus, une des grandes richesses du travail de Mann. Il s’entoure des meilleurs : Depp ("Blow","Donnie Brasco"), Bale (The Dark Knight"), Cotillard ("La Môme"), Ribisi ("Les Initiés"), Lang ("Manhunter","Avatar") et j’en passe…


Son équipe technique s’épanouit une nouvelle fois à merveille, Dante Spinotti, s’occupe comme de coutume de la photographie, proposant des images sublimes et marquantes.
L’esthétisme est des plus soignés, on se délecte à la fois de l’univers, à la fois de la reconstitution impeccable des décors, des costumes, des armes et des véhicules d’époque. Certaines scènes ont même été tournées dans les véritables lieux de cette folle histoire vraie. Et lorsque l’on sait cela, le film devient encore plus intéressant.


Bien entendu, certains faits historiques sont erronés, afin de satisfaire un scénario digne de la légende, mais rien n’entache la véritable ligne de vie de cet antihéros. Et ce qui est certains, c’est que c’est superbement filmé, on vit au plus près, les braquages, les fuites, les traques, et toutes les scènes trépidantes qui facturent cette enquête. Les cadrages sont splendides, ils nous plongent en plein cœur de l'action.


C’est pour ma part, un très grand film, qui a non seulement la classe des gangsters, mais également celle des grands films hollywoodiens. Il se révèle comme un drame, un polar sombre, une romance et un film d’action. Mann, s’empare une fois de plus d’un sujet qu’il peut exploiter comme personne, avec fusillades, mélancolie et engagement. Et une nouvelle fois, la bande originale sublime une œuvre magistrale, signée d'un de mes cinéastes de référence.
Le spectacle est rythmé à souhait, séduisant, héroïque, nerveux, historique et révérencieux.


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le 2 avr. 2018

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