Punishment
2.5
Punishment

Film de Jason Christopher (2013)

Les films de genre ou de niche sont des moments cinématographiques de moindre intensité pour les cinéastes : reposant sur des codes précis et des types d'histoire simples et typées, ils sont les restes du mode de production en série A et b, ici le B, c'est à dire les films de petits budgets où les décors sont réutilisés avant d'être détruit et où l'équipe de production est réduite à son minimum.
Le film d'horreur ou d'épouvante horreur se caractérise généralement par le surgissement de créatures ou de situations inextricables dans laquelle les personnages sont obligés de fuir ou de combattre, et ou la surprise et la vitesse contrastent avec l'installation d'une ambiance propice à la peur.
Le schéma ici emprunté est celui du départ dans un lieu éloigné de toute collectivité, sans protection apparente, de jeunes adolescents venant faire la fête.
Ils se retrouvent dans une forêt où quelques années auparavant, un homme a vu sa fille mourir écrasée en voiture par de jeunes hommes ivres au volant, et a depuis disparu.
Aucun doute n'est laissé dans le film de genre: ce qui marche est justement la complicité avec le spectateur des réalisateurs et scénariste, il s'agit d'un pur moment de libération, de divertissement, de catharsis.
Ce qui compte le plus ici étant non pas le dénouement mais le déroulement (pauvre Brecht ...): on est ici plus exactement dans un slasher, un film où les personnages meurent un à un face au mal rencontré.
Le slasher possède ces racines dans le film de série B et sa variant la plus prononcée, italienne, qu'est le giallo, qui est le slasher spécialement à l'italienne datant de la fin des années 50 début 60, et dont les grands représentants sont Mario Bava et Dario Argento pour ne citer qu'eux. Ceux ci sont des prototype et des types préparatoires au slasher.
Le type absolu du slasher étant Vendredi 13, un archétype, une forme rigoureusement complète et aboutie de genre, dont on voit l'influence énorme sur la production du genre épouvante horreur.
Ce que Vendredi 13 mettait comme puissance vengeresse réactionnaire face à une bande de jeunes légèrement débridé et hédoniste, bref des adolescents profitant des joies de la vie dans un camp, Punishment en reprends en variant le contexte d'apparition du mal les bases.
Il va s'agir cependant non pas de la création de suspens qui est la base narrative nécessaire au genre pour permettre la participation du spectateur, mais de l'enchainement simple des éléments caractérisant le genre: ainsi Punishment est une simple série B de film de genre, prenant en plus la forme la plus répandue de celle de Vendredi 13.
ici, le "méchant" possède certes une raison du même type que celle de Jason, cependant non seulement le personnage est introduit de manière trop frontale mais excessivement simple. La fille se fait écraser de manière stupide.
Si les personnages de ce genre de genre de film (dur dur l'expression) sont souvent stupides, c'est pour la même raison qu'il permette adéquatement de les faire mourir et de faire participer le spectateur: face à des idiots ou des gens considérés inférieurement, la tuerie semble justifiée psychologiquement, et comme ils "doivent" mourir, c'est d'autant plus efficace.
Ce type de film, développé dans la suite de l'émergence d'un public potentiel de jeunes (après seconde guerre mondiale, années 50, énormément depuis les sixties), est fait pour attirer de manière immédiate et simple, et apparait donc vulgaire: sexualité latente et souvent exemplaire dans la plupart des intrigues, violence exacerbée, projection sanglante et alcoolisée, un vrai paradis psychanalytique rempli d'objet petit a. L'illimitation de la jouissance dans des lieux clos, un monde fermé sur lui-même où l'Autre, l'étranger habitant les profondeurs sombres de l'inconscient collectif, l'exilé, l'ermite, l'homme vivant loin de la société, devient l'ennemi. L'intersubjectivité dans sa forme la plus conflictuelle, un voyage cependant sans danger la plupart du temps, qui témoigne d'un cinéma postmoderne dans son acception la plus vile (dans le slasher classique, loin des meilleurs giallo où l'intrigue est encore vivante). La séance est un exutoire comme le témoigne les jeunes partant en week end pour le trou noir festif avant le retour au travail, les deux étant réguliers, parfaitement cycliques.
C'est une forme morte de film, qui possède un intérêt dans l'état actuel du public et de l'industrie culturelle post-age d'or hollywood. Il est comme on dit un plaisir coupable, sans éthique et le plus souvent peu esthétique (malgré mes critiques, Vendredi 3 par exemple est un film bien construit et bien scénarisé avec une figure emblématique finement crée). Il reste un lieu d'exercice le plus souvent pour des petits réalisateurs, en marge de la production générale de film, loin du mainstream, conscient de son état "dégénéré" plus apparent que les types blockbusters et séries A. Pourtant il serait évidemment le lieu d'un cinéma extrêmement intelligent, hautement plus éthique et esthétique.
Les films d'horreur sont des contrats avec le spectateur, la forme la plus voyeuriste du cinéma, et en même temps la plus exhibitionniste, donc la plus moderne et adéquate pour le spectaculaire. On montre ici l'Eros et le thanathos, la sexualité souvent réduite à la génitalité et la mort, la vitesse pure, la peur, le supsens et donc l'attente. Un paradis pour cinéaste à vrai dire, d'autant plus pour les férus de psychologie. Un genre supra hitchcockien en somme.
Face à la répétition d'un schéma, le plaisir vient de la variation simple mais efficace, du plaisir d'un changement léger n'entravant pas la forme générale. La violence, les courses poursuites, l'attente de l'émergence du tueur, de la première mort, du dernier survivant et de la possible défaite ou victoire étant les éléments à travestir ou à conserver, et les liaisons entre eux, l'introduction des personnages; des raisons de la confrontation, étant les autres éléments de construction.
Ici, le film est mal enchainé, sans aucun suspens ni tension, sans aucun rapport au personnage et fait de manière trop rapide: les morts sont trop rapprochées, les rapports dans le groupe attaqués sont peu développés et peu intéressant, passés presque à la trappe, le tueur a même l'occasion de se répéter sur la raison de ses actes.
Mais précisément, l'histoire tourne ici en rond : le générique présente la mort de la jeune fille, qui pousse le père dans son comportement, mais la situation est réexpliqué lors du passage obligé du feu de camp, puis pendant la tuerie.
La redondance est à éviter dans ce genre de film qui déja est prévisible. Punishment est un très mauvais film.
Perferic
1
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le 1 janv. 2014

Critique lue 437 fois

Perferic

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