Dès la première scène, le ton humain est donné. Une femme vient de perdre son mari, et tient l’urne avec les cendres de son mari dans ses bras. A ses côtés, des islandais qui tentent de retrouver une robe de mariée. Notre héroine, incarnée par Florence Loiret-Caille, se met à leur parler. Elle leur dit qu’elle est déjà allée en Islande, et que les gens y avaient été formidables avec elle. Plusieurs secondes après, les trois se retrouvent, après une musique enjouée. On comprend qu’on regarde un feel good movie.

Mais on sent que dans ce feel good movie, il y a une envie de porter un message. Du haut de la grue, la vue sur la banlieue. Ensuite, l’ami qui vient à la fenêtre pour demander de l’argent. On peut aussi relever le zoo en chute, la femme et le jeune homme qui recherchent un emploi, etc… C’est un pays en crise que Solveig Anspach nous passe en fond. Mais le problème, c’est que la réalisatrice ne fait qu’effleurer cette crise. Elle ne sert que de contexte pour son feel good movie. C’est vraiment dommage, car les situations sont effleurées au plus vite, pour mieux se recentrer sur les situations incongrues des personnages.

S’il y a bien un avantage dans ce film, c’est qu’il est centré sur ses personnages. Ils constituent l’âme et le coeur du film. Le plus plaisant, c’est de voir que la caméra va à la rencontre de l’héroïne. Il est agréable de voir que certains films arrivent encore à pratiquer l’amour des personnages. Quand il s’agit de filmer Florence Loiret-Caille, on voit que c’est la caméra qui va à la rencontre de l’actrice. Rien qu’en citant la scène où elle déambule chez elle, ou quand elle est dans la salle de bain avec le phoque, le jeu d’actrice prend le dessus. Ici, ce n’est pas une intrigue qui nous est filmée. On nous filme une actrice qui joue avec plaisir.

Ensuite, il y a les personnages secondaires. Que ce soit les deux islandais, le voisin ou les autres, cet avantage n’existe pas. La caméra ne va pas à leur rencontre. Il y a quelques temps des éclats d’improvisations, mais ça reste une direction d’acteurs assez limitée. Mais on pourra compter sur la personnalité des personnages. Quand la folie de ces acteurs rencontre la personnalité de leurs personnages, ça donne tout de même de belles scènes. Dommage qu’à ces moments, la caméra ne devient que témoin de la situation (comme la rencontre dans la grue, ou les scènes dans la laverie).

Et ces personnages à fortes personnalités, qui ont tous un grand coeur et un grand fond, constituent une histoire magique. Une magie, car ce sont les liens qui unis les personnages qui font le film. Peut importe ce qui leur arrivent, les relations entre les personnages font le coeur du film. Et grâce à ces relations, notre héroïne (qui est veuve) pourra se reconstruire un nid, pour reprendre peu à peu vie. Mais également, ces relations ne sont pas insensibles à la mélancolie de l’héroïne. Une mélancolie qui créera une fantaisie assez appréciable. Assez, car on se demandera ce que les scènes d’animation viennent faire ici.

Mais passons ces quelques scènes. Car ce film reste finalement une fable légère et très sympathique. Pas de prise de tête, un film qui se regarde tout seul. Un bon petit moment à passer devant ce film qui parle d’amour, d’amitié et de famille. Tout ceci dans un monde bordélique et absurde. Une chose est certaine, à travers les fortes personnalités des personnages, on aurait aimé plus de folie et de situations loufoques. On a l’impression d’une certaine retenue dans l’absurdité. Comme si Solveig Anspach ne voulait pas en faire trop, pour ne pas laisser la mélancolie en plan. Mais voilà, le feel good movie reste simplet.

Finalement, QUEEN OF MONTREUIL est un film rempli de fantaisie et d’humanité. Mais Solveig Anspach parle également un peu de la crise. Le récit cache un pays un crise, trop même. Car la réalisatrice n’en vient qu’à l’effleurer, et n’en fait rien. Sauf que la cinéaste saura construire son film autour de son actrice, Florence Loiret-Caille. La cinéaste, avec sa caméra, va à la rencontre de son actrice. C’est très beau, même si la direction d’acteurs reste limitée pour les autres acteurs. Cela n’empêche pas au film d’être une jolie petite fable, toute légère et en humour, sur l’amour, l’amitié et la famille.

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Bonus du DVD Test

Court-métrage Anne et les tremblements
Le court-métrage raconte l’histoire d’Anne, habitante d’un immeuble. Elle comme ses voisins, sentent régulièrement des vibrations et tremblements. Phénomène étrange, où la réalisatrice capte les ressentis et les habitudes d’Anne, et de ses voisins, face à cela. Le grand problème de ce court-métrage, c’est qu’on ne sait jamais sur quel repère s’appuyer. Solveig Anspach navigue entre le documentaire et la fiction. Documentaire car on entend la voix de la réalisatrice, on voit un micro à un moment, le regard caméra de l’actrice, puis la réalisation posée où la caméra se veut en témoin. Réalisation démonstrative indigeste, où le montage et la photographie ne disent rien du tout. Des images vides, où tout se passe dans les paroles des personnes filmées. Un film de sensations, où on explore l’intérieur des personnages. Mais ça donne trop un arrière goût de feel good movie, perdant de vue le sujet du tremblement.
Note : 2,0 / 5

Clip de la chanson Certes, certes
Début du clip : on rappelle le film QUEEN OF MONTREUIL avec deux clichés de la ville. Ensuite, le clip ne sera qu’une caméra fixe, filmant des personnes. On reconnait les acteurs du film, faisant semblant de chanter la chanson que l’on entend. On appréciera notamment le son de très bonne qualité, et la photographie sublime. Des images les couleurs changent selon les personnes filmées. On retrouve les ambiances des personnages interprétés dans le film. Doté d’un montage à plusieurs rythmes, le clip a surtout un grand avantage : le plaisir que prennent les personnes filmées.
Note : 3,5 / 5

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
6
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le 17 août 2013

Critique lue 428 fois

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