Queimada
7.1
Queimada

Film de Gillo Pontecorvo (1969)

Un bon film marxiste sur la colonisation...

Après tout, il n'y a pas que "Soy Cuba" dans la vie.

Un Anglais arrive sur une île des Caraïbes imaginaires, Queimada, qui exporte du sucre. Il se prend d'amitié pour un jeune esclave noir, José. Recrute quelques Noirs et les branche sur l'attaque de la banque de l'île, mais José se révèle un chef révolutionnaire. L'Anglais, William Walker, pousse dans le même temps les colons à déclarer leur indépendance de la couronne portugaise. Il agit en fait pour le compte de l'Angleterre. Walker rapproche José du nouveau gouvernement colon : José fait rendre les armes à ses troupes, en espérant que la liberté retrouvée apportera le bonheur.

Dix ans passent. L'économie de l'île est entièrement tombée aux mains d'une compagnie sucrière anglaise. La pauvreté explose. Les Noirs se révoltent. Walker, rappelé par les Anglais, tente une médiation avec José, à la tête de l'insurrection. José refuse tout compromis ("I don't drink anymore, English"). Walker mène une guerre d'anéantissement pour le compte des colons.

Walker, joué par Marlon, est un être cynique et lucide, qui n'a pas d'estime pour les colons. Il attise la révolution, puis se pose en contre-révolutionnaire sans pitié, à l'image de la politique anglaise dans les Caraïbes. Comme dans "La bataille d'Alger", le film est très didactique : la première séquence où Walker arrive en bateau voit un vieil officier de marine lui faire un bref historique de l'île, histoire que le décor soit bien planté. Le scénario est une bonne introduction au marxisme. J'aime beaucoup l'ambiguïté de Walker, qui demande d'un air désabusé à un soldat noir travaillant pour les colons "Pourquoi n'as-tu pas pris le maquis ?". De même, la mort de José en martyr pose clairement le crédo marxiste qu'en développant la conscience de classe, le renversement du capitalisme est inévitable.

Au niveau formel, c'est satisfaisant. La musique d'Ennio Morriconne est efficace, mais guère mémorable. Il y a de belles séquences, comme l'exécution du président Sanchez, la distribution de pain, la proclamation de l'indépendance, ou encore l'armée de José avançant sur la plage à sa suite. Il y a aussi pas mal de violence : attendez-vous à pas mal d'exécutions, de cadavres brûlés, de massacres. Une violence laide, bien sûr.

Un beau film à montrer dans les écoles.
zardoz6704
9
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le 13 juin 2013

Modifiée

le 14 juin 2013

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zardoz6704

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