Conor,gamin anglais perturbé,n'a pas une vie facile.Son père s'est barré et a refait sa vie aux Etats-Unis,et il doit s'occuper de sa mère très malade dont le cancer est en bonne voie de non-guérison,ce qui va probablement se solder par une sorte de décès.Pour faire bonne mesure,il est persécuté par ses camarades de collège,ce qui fait beaucoup pour un minot.Mais les choses vont évoluer quand il va se mettre à taper la discute avec l'arbre du cimetière voisin.Le film est réalisé par Juan Antonio Bayona,qui était apparu en 2007 comme la nouvelle figure de proue du fantastique espagnol avec "L'orphelinat",avant d'être happé par Hollywood,où on lui a confié en 2012 les rênes de "The impossible",drame à grand spectacle sur le tsunami de 2004 en Thaïlande.Mais l'auteur de "A monster calls" est surtout le scénariste Patrick Ness,qui adapte ici son propre livre.Il est à noter qu'il a écrit celui-ci à partir d'une idée de Siobhan Dowd,romancière jeunesse alors sur le point de mourir d'une "longue maladie",ce qui donne à l'histoire une dimension autobiographique.L'oeuvre ne manque pas de qualités techniques.Bayona a un solide sens du cadrage et parvient à installer une ambiance étrange,tandis que la photo,à la lumière très travaillée,possède une belle texture,dans le genre gothique automnal.Il y a aussi de jolis effets spéciaux,l'arbre notamment étant très réussi.Sur le fond,des efforts ont été faits,le script essayant de s'élever au-dessus du simple divertissement habituellement de mise dans ce contexte.Ainsi,le film induit d'intéressantes réflexions à propos de la relativité des notions de Bien ou de Mal,et du danger qu'il y a à interpréter hâtivement les évènements et les comportements.Hélas,le rythme trop lent et les méandres d'une intrigue bien embrouillée gâchent les bonnes intentions de départ,ce que va aggraver un final sombrant dans le pathos et une conclusion plate et décevante,style "tout ça pour ça".Au moins échappe-t-on à un happy-end qui semble rôder à un moment et qui se serait inscrit en totale opposition avec le ton et le déroulement de l'histoire.Au bout du compte,on apprend que le mal-être de Conor est tout simplement dû à son sentiment de culpabilité car,ne parvenant plus à gérer émotionnellement la situation, il souhaite secrètement la mort de sa mère,tout en ne la voulant pas bien sûr.L'arbre lui enseigne donc que la vie est complexe et que,pris entre raison et sentiments,on peut désirer à la fois une chose et son contraire.La leçon est un peu simplette pour des adultes et sans doute trop compliquée pour des enfants,ce qui limite la portée du film.On peut aussi s'interroger quant à la réalité de cet arbre.Est-ce une extension monstrueuse de l'esprit psychotique de l'enfant ou une manifestation magique " bien réelle"?Psychanalyse du conte ou surnaturel décomplexé?La deuxième option est certainement à retenir car on est quand même dans du ciné fantastique.Autre grosse faiblesse du film,l'interprétation calamiteuse du jeune Lewis MacDougall,affligé en plus d'une tronche insupportable.Quelques très vieilles connaissances sont venues cachetonner,à l'exemple de Sigourney Weaver,Geraldine Chaplin ou un Liam Neeson qui fait très bien l'arbre et devrait peut-être se cantonner à ce genre de rôles.

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le 29 oct. 2019

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