Au début des années 2000, Robert Zemeckis faisait appel à la motion capture pour Le Pôle Express, La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge. Déjà en 1988, donc bien des années avant, il expérimentait, il tentait de proposer quelque chose de neuf, il se positionnait à la pointe de la technologie avec Qui veut la peau de Roger Rabbit ? qui mêle véritables comédiens et personnages de dessins animés tirés des Looney Tunes et de Walt Disney. Jamais la sensation d'être un cartoon n'a été aussi forte et jamais ces personnages de cartoon n'ont été aussi humains et drôles dans leur attitude parodiant, exagérant les humains. Roger Rabbit, bien sûr, dont les facéties peuvent être usantes à la longue mais je pense aussi à la sublime Jessica Rabbit au corps exagérément parfait.
L'univers coloré des Toons est contrebalancé par la reconstitution impeccable des années 1940 conférant un certain cachet "film noir" à Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Les bagnoles, les vêtements et puis surtout ce détective privé à l'imper usé, au regard fatigué et au verre de whisky qu'il sirote constamment.
Spielberg à la production, Zemeckis à la réalisation. Deux conteurs hors-pair qui ont toujours mis la technique au service de l'histoire et non l'inverse. Et une certaine idée du divertissement : toujours captiver le spectateur soit par un gag, soit par une scène d'action soit par un interrogatoire, un numéro de danse ou un intermède musical. Pour un peu, ça me redonnerait envie de ressortir des cartons mes vieilles VHS achetées à Carrefour quand j'étais gamin de Mickey, Donald et Bugs Bunny.