Robert Zemeckis est un touche à tout comme en témoigne son oeuvre en général. Il s'emploie à divertir avec sa trilogie Retour vers le futur, et il sait aussi raconter des parcours de vie avec Forrest Gump, Seul au monde et même Flight. Mais Qui veut la peau de Roger Rabbit ? est un cas à part.
Un cas à part pourtant très habité par la patte Zemeckis, comme en témoigne ce soucis constant dans le film qui tend à briser les barrières du simple objet de cinéma expérimental, comme l'était Mary Poppins en son temps par exemple avec la séquence du Supercalifragilisticexpialidocius, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? est un tour de force visuel et une comédie ultra savoureuse.
A la fois dans l'hommage, volontairement pas très flatteur parfois, à l'industrie Hollywoodienne d'antan, le film déploie sa technique pour servir une histoire loufoque dans lesquels les rôles peuvent à tout moment s'inverser. Les toons agissent comme des humains et les humains comme des toons, c'est là que réside la force du film. Il ne prend pas seulement place dans un seul univers mais dans deux et ce n'est pas à une mince affaire.
Que dire également de la scène d'ouverture avec ce passe de l'animé totale à la prise de vue réelle ? C'est tout bonnement fou pour l'époque et même aujourd'hui l'effet fonctionne parfaitement. Le film vieillit mieux qu'il pourrait le laisser croire.
Le casting quant à lui, à la fois humain et vocal pour les toons, est excellent. Bob Hoskins fait merveille en enquêteur plein de remords, et Christopher Lloyd excelle en grand méchant sadique. Le duo Rabbit/Valliant fonctionne notamment grâce à la mise en scène, mais aussi et surtout grâce aux dialogues finement écrits et aux voix soigneusement posées.
Qui veut la peau de Roger Rabbit ? est un vrai film artisanal et pourtant très moderne dans sa démarche. Encore aujourd'hui il met en avant un exercice de style ultra intéressant et réussi au service d'un polar comique et déjanté absolument tordant !