J'ignore pour quelle raison Aldrich s'est fait virer de ce film à deux semaines de la fin de tournage ; en tous cas je ne constate pas de différence de mise en scène entre les deux réalisateurs (peut-être que le film n'a pas été tourné selon la chronologie de l'histoire).
Le récit est assez sympathique ne fut-ce que pour l'univers dépeint : celui d'une fabrique de textiles. C'est assez bien narré, opposant le syndicat au patron, mais avec un peu plus de nuance que cela ; un polar improbable je dirais, puisque très vite la mafia s'avère mêlée à l'histoire. Les dialogues sont bons, la relation entre les personnages assez riche. Sachant qu'il s'agit avant tout d'un film de Aldrich, il est dommage que ce ne soit pas un peu plus sale, surtout concernant le personnage du père. Mais soit. Cela reste un divertissement agréable même si cela n'atteint jamais des sommets épiques.
La mise en scène est certainement plus intéressante que le scénario. Une belle diversité de plans, un découpage dynamique, intelligent. Des compositions solides et de très belles images grâce à une maîtrise du noir et blanc (le terme 'beau' est assez rare dans un film de Aldrich). Les acteurs s'avèrent justes dans leurs rôles respectifs. Pas de bavures. Et en plus les pouliches sont plutôt mignonnes (pauvre Gia Scala, morte si jeune).
Bref, un bon petit polar bien sympathique.