Film plus que correct, messages maladroits

J'ai, comme beaucoup de gens, des gros a priori sur les comédies françaises, qui depuis un bon moment sont considérées, au mieux, moyennes. Totalement par hasard, et avec ces a priori en tête, je me suis aventuré à regarder ce film : après tout, on ne sait jamais… Et finalement, c'était une plutôt bonne surprise.

Pour être tout à fait franc, en début de visionnage, j'étais toujours en mode « mauvaise foi » : les gags, bien qu'ils ne soient pas à se taper sur les cuisses, ne sont pas lourdingues du tout, et au fur et à mesure du visionnage, on se laisse porter par le film qui, rétrospectivement, est plutôt drôle (d'autant plus que Dany Boon humoriste me laisse généralement de marbre).
Côté réal, rien à redire. Mis à part quelques raccords qui m'ont paru étranges, le tout est bien réalisé. Ceci dit, je ne prétends pas être un expert, même pas un amateur en la matière, donc il se peut qu'il y ait eu de grosses erreurs qui me sont passées au-dessus. La scène finale dans le château est surprenante par son côté Micheal Bay, que je n'avais pas vu venir tant elle est impressionnante grâce aux effets pyrotechniques.
Les acteurs jouent en grande majorité très bien, à l'exception peut-être d'Yvan Attal, qui joue un méchant trop caricatural et sans finalité précise. Mention spéciale à Florent Peyre, que je n'imaginais pas dans un rôle au grand écran et qui s'en sort très bien.
Le scénario est bien fichu, en dépit de certains personnages qui sont trop caricaturaux, et c'est justement là que je mettrais un premier bémol : exception faite de Eugène Froissard (le personnage joué par Boon), j'ai l'impression que les personnages n'évoluent pas, ce qui est fort dommage puisque le personnage principale, Johanna Pasquali (interprétée par Alice Pol) est aussi maladroite au début qu'à la fin du film. Pour rentrer plus dans le détail (attention spoilers), la scène finale présente l'héroïne qui reçoit la médaille du mérite, mais elle trébuche et s'affale sur le président de la république… alors qu'elle a sauvé une vingtaine de chefs d'états il y a de ça une dizaine de minutes. J'attribue ça à la volonté de faire un gag final, mais le fait de l'avoir fait au détriment de la crédibilité d'un personnage censé être passé du statut d'incapable à celui de salvatrice est quelque peu dommageable. Un bon point pour avoir mis au second plan l'histoire d'amour pour se concentrer sur l'héroïne, c'est plutôt rafraîchissant de ne pas avoir fichu ce côté gnan-gnan usé jusqu'à la corde.
Un dernier point qui me semble le plus important : celui des critiques et messages passés pendant le film sur des sujets de société. J'en ai relevé trois : la critique du journalisme « divertissement », la misogynie, et, traité de façon beaucoup moins en détail mais qui m'a tout de même fait tiquer, l'homophobie. Parlons en.
Vers le milieu du film, il y a une très courte scène qui se déroule pendant une marche des fiertés LGBT, dans laquelle on voit plusieurs travestis (j'insiste, pas des transsexuels) se coller à la vitre du magasin dans lequel se trouvent l'héroïne et sa belle-mère issue de beaux quartiers. Cette dernière tient un discours du genre « je n'ai rien contre les homosexuels **mais**... ». Alors bon, qu'on se mette d'accord, je sais pertinemment que c'est une fiction, etc ; mais si le but est de critiquer les comportement homophobes, c'est quand même fait très maladroitement avec la représentation outrancière des quelques manifestants de ladite marche et le discours de la belle-mère. Certes, je n'y connais rien en matière de marche des fiertés LGBT (ma seule source d'information étant quelques vidéos YouTube), mais la représentation qui en est faite me paraît quelque peu dépassée, et dessert le propos complètement : si on veut faire avancer les mentalités, pourquoi se cantonner à des visions quasi-caricaturales des personnes LGBT ? (Après je dis ça, mais ce n'est que mon point de vue de mec hétéro, et je serai ravi de débattre par rapport à ça.).
Le thème de la misogynie est quand à lui mieux abordé avec l'évolution du personnage de Boon. Mais de la même manière, et comme dit précédemment, celui de l'héroïne semble ne pas avoir bougé, et c'est dommage. La seule femme du groupe est toujours représentée comme maladroite et assez gênante dans la dernière scène du film. Aïe...
Enfin, celui des médias est aussi, selon moi, traité maladroitement. Pendant le film, je me suis mis à la place d'un téléspectateur lambda du JT après un attentat, et ce qui est représenté dans le film, bien qu'évidemment quelque peu exagéré, n'est pas si éloigné de la réalité. En gros, on parodie mais pas trop, et c'est vraiment dommage (voire, selon moi, quelque peu dangereux) puisqu'on ne se rend toujours pas compte à quel point les journalistes TV sont prêts à tout pour assurer le spectacle, quitte à en oublier leur professionnalisme et leur mission. Autrement dit, on se retrouve à une simple parodie sans grosse critique ni dénonciation, et vu ce qui aurait pu être fait avec ça c'est vraiment un gros point faible.
Pour conclure :
Les + : la réal, le jeu d'acteurs globalement correct, les effets spéciaux, l'aspect comique efficace si tant est qu'on se prend au jeu.
Les - : Les méchants sans réel but et surjoués, les problèmes de société (surtout le journalisme) parodié sans être vraiment dénoncés.
J'ai voulu mettre 6,5 à ce film, mais SensCritique n'autorise pas les demi-points. J'ai donc ramené la note à 6, mais si la critique avait été plus acerbe et certains personnages plus travaillés, il aurait sûrement gagné un, voire deux points de plus.