La croyance que partage Rain Man avec son spectateur réside tout entière dans l’expérience d’un décloisonnement physique alors même que l’intériorité de Raymond demeure inaccessible, comme entourée de murs desquels s’échappent, de temps à autres, des sursauts de lucidité, un geste, une parole qui raccordent le frère handicapé à une communauté plus grande, celle de la famille que réunifie Charlie. Il faut expérimenter le monde, le sillonner derrière le pare-brise de sa voiture que l’on conduisait jadis « doucement dans l’allée », et le long métrage s’apparente alors à la quête frénétique d’un lien fraternel et humain capable de réunir deux étrangers.


Le regard que porte Barry Levinson sur le personnage brillamment interprété par Dustin Hoffman est évolutif, il part du clinique pour réussir – et là se tient sa plus grande et sa plus belle prouesse – à en faire un personnage non pas comme les autres, mais à la singularité aussi forte que les autres. La propension de l’un des frères à s’engager entièrement dans tout ce qu’il fait révèle, par contrepoint, l’incapacité de l’autre à s’investir dans une relation amoureuse sérieuse. Le grand frère retrouve sa fonction symbolique de conseiller et protecteur, bien que ces responsabilités ne soient pas prises en charge par les vecteurs traditionnels. Un langage se crée au fur et à mesure, prise en charge et redoublé par la musique signée Hans Zimmer qui compose une série de thèmes marquants et à la sonorité si particulière, mélange de synthétiseurs et de performances vocales.


La qualité du montage qui dynamise efficacement ses séquences permet au spectateur d’être embarqué dans cette aventure humaine magnifique et bouleversante qui passionne de bout en bout. Un chef d’œuvre à voir et à revoir.

Fêtons_le_cinéma
10

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le 8 mars 2020

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