Razzia sur la chnouf ne prendra pas le spectateur par surprise. Dans la lignée des nombreux polars de son temps, à commencer par Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, le film d'Henri Decoin reprend les codes classiques du genre : des personnages teigneux, des dialogues chargés d'argot à peine compréhensibles, des scènes de fusillade, des femmes faciles dans un Paris perpétuellement plongé dans le noir et bercé par le jazz. Jean Gabin est toujours aussi imperturbable, Lino Ventura a toujours la gâchette facile.
Le film est pourtant fascinant plus de soixante ans après sa sortie pour le portrait qu'il fait du Paris underground des années 1950. Au fil des scènes, nous découvrons des fumeries d'opium, des bars de jazz branchés, des salles de jeu et des cafés occupés par la seule communauté noire. Derrière sa façade bien rangée et policée, la capitale cache ainsi un monde sous-terrain se perdant dans la rêverie du vice.