Spielberg a bercé mon enfance par des œuvres fantastiques comme E.T. (une de mes références ultimes), mais aussi Duel (nourrissant mon amour pour les poursuites automobiles), Indiana Jones (offrant de l’aventure fantasque à la portée de tous), Jaws (créant des peurs qui se perdureront sur plusieurs générations) ou un Jurassic Park (faisant jouir toute une génération fascinée par les dinosaures). Une légende du divertissement et un grand monsieur du cinéma tout simplement nous l’ayant prouvé avec the Schindler’s list qui était une déclaration de guerre à tous ceux qui méprisaient ses blockbusters. Aujourd’hui après quelques essais moins folichons comme Indiana Jones 4, l’Homme (avec un grand H) est de retour avec Ready Player One… Et je n’attendais pas véritablement ce nouveau film car je ne connais pas le matériel de base (à savoir le roman), que je ne regarde pas la moindre bande-annonce et que malheureusement les nouveaux Spielberg me font de moins en moins d’effet... Mais là, le moins que l’on puisse dire, c’est que Steven a transformé l’essai !


Quelle claque ! Le film en lui-même en termes de cinéma n’est pas ce qu’il y a de plus extraordinaire, bien que néanmoins irréprochable à tous niveaux, mais c’est surtout un fabuleux hommage à absolument tout ce qui a constitué mon enfance. Il a réussi à introduire un nombre incalculable de références sans qu’à aucun moment cela ne nuit à l’histoire ou ne semble forcé, au contraire ça l’a fait même évoluée. Du monde des jeux-vidéos, au cinéma, à la musique, en passant par le comics, aucun univers ne sera épargné. On se prend à de nombreux moments à vouloir faire pause pour analyser tout ce qui est à l’écran mais ce serait dommage de briser l’élan dans lequel on vient de foncer pied au plancher ! Certains fantasmes d’enfants apparaissent à l’écran. En effet quel gosse né dans les années 80’s n’a pas rêvé de voir une course à la Destruction Derby entre la DeLorean de Retour vers le Futur face à la moto de Kaneda?


J’ai toujours fantasmé l’idée que Steven Spielberg ait réalisé le reboot de King Kong plutôt que Peter Jackson. Maintenant j’ai presque l’impression de pouvoir dormir en paix…



People come to the Oasis for all the things they can do, but they stay for all the things they can be.



Mais ce qui est extraordinaire, c’est que malgré 2h20 de plans surchargés, on n’est jamais épuisé ou ennuyé par cette chasse permanente à l’easter eggs. Pourquoi ? Parce que l’histoire est bien construite et fait preuve d’une humanité simpliste en apparence mais riche en fond, ce qui a toujours été la marque de Spielberg. Le film souligne la beauté de la technologie et de la culture geek tout en critiquant (mais jamais en méprisant) les méfaits qui y sont liés. Cette technologie qui offre de merveilleuses perspectives et l’accès à des mondes fantastiques dont l’imagination n’est contrainte par aucune limite mais dont le génialissime empêche parfois de trouver encore du plaisir dans la vie réelle trop simple et de limiter les contacts humains. Une culture geek qui a permis à des millions de freaks (parce qu’on en est tous un à notre échelle) de par le monde de s’exprimer et de se sentir compris, même si ce n’est qu’un instant mais dont les mains mises des grandes maisons de distribution n’en comprennent que les amas d’or qu’elle génère. Quel plaisir de voir un film traitant du monde des jeux-vidéos sans en dépeindre une image stéréotypée et avilissante pour le joueur ! Rien que pour cela, ce film est déjà incroyable.


De plus, Spielberg offre un message que je rabâche depuis bien longtemps : Les jeux-vidéos sont techniquement de plus en plus aboutis et impressionnants mais le fun en disparait petit à petit. La joie de simplement pouvoir jouer à un jeu disparait pour laisser la place à une fierté mal placée de surmonter des difficultés monstres, d’afficher des temps records, de devenir le numéro un online, etc. Je regrette une époque où jeune adolescent, je m’évadais simplement le sourire à l’écran…



Others can read the ingredients on a chewing gum wrapper and unlock the secrets of the universe.



Techniquement c’est une claque visuelle. L’univers présenté est terriblement beau et malgré une surcharge quasi permanente et des scènes d’actions au-delà de la frénésie, le tout reste constamment d’une fluidité exemplaire. C’est ouf. La direction artistique est de bonne facture et reste toujours élégante malgré une volonté propre d’offrir cette histoire a un public de tout âge (ce qui se ressent dans le design). Même les enfants ne saisissant pas les ¾ des références utilisées seront à même de vivre un conte fantastique sans sourciller. Le casting jeune offre une identification quasi immédiate pour les plus jeunes. Un récit véritablement adapté à tous, encore une des marques de fabrique de Spielberg. Steven qui se transpose certainement dans le personnage du génialissime créateur de l’Oasis dans lequel se déroule l’histoire, mais également dans le jeune fan boy héro de l’aventure. Un homme avec un rêve, un homme avec une vision, dépassé par sa création et surtout ce que les gens en font là où ne devrait substituer qu’un plaisir durable… face à un héros sans doute bien trop rêveur mais qui par sa volonté infaillible va réussir l’incroyable ! Un Spielberg jeune regardant avec émotion l’homme qu’il est devenu, un Steven âgée regardant avec envie l’homme qu’il était…


On peut néanmoins critiquer le développement des personnages secondaires (fort présents pourtant dans l’histoire) qui ne subsistent qu’en tant que sidekicks ne servant qu’à sauver la mise des deux protagonistes principaux.


Ces protagonistes représentant le caractère multi-ethnique du casting, c’est un peu dommage. Mais étant donné que 90% du film se passe dans un monde virtuel où les avatars ont toutes les formes et couleurs, ce n’est pas trop apparent.


Ainsi que le méchant du film qui est une caricature rocambolesque de l’homme d’affaire.


Le mot de passe de son compte écrit sur le papier à côté de son siège est un peu too much pour ce qui constitue son core business… Mais bon, j’avoue que je préfère cela à ce que les héros ‘devinent’ son mot de passe en y réfléchissant trois minutes. ^^


Ce qui m’amène à mon second reproche, c’est que j’aurais aimé un mix plus important entre le monde réel et le virtuel, voir à un véritablement croisement entre les deux à l’écran. On est un peu trop plongé dans l’oasis à mon goût sans suffisamment sortir respirer l’air peu frais de cette dystopie. Mais bon…



What if she is some 300 lb. dude named Chuck that lives in his mother's basement in suburban Detroit?



Et mon dernier reproche (et j’aurais vraiment dit tout ce qu’il y avait à dire) est que le thème du danger par rapport aux utilisateurs malsains se cachant derrière leur avatar est abordé mais pas vraiment développé dans l’histoire


si ce n’est que son meilleur ami sur le jeu est en fait une fille noire et qu’un des personnages est un petit enfant. Cela n’entrainant aucune conséquence. Pour le reste, les avatars sont toujours assez proches de la personne qu’ils sont. Par exemple les deux avatars asiatiques sont tous les deux asiatiques… Et les méchants apparaissent directement méchants et cela transpire jusque dans leur apparence physique de leur avatar. L’histoire d’amour avec Art3mis aurait gagné en intensité à mon sens si celle-ci s’était révélée bien plus tardivement et que son visage aurait été véritablement ravagé.


Bref, Steven Spielberg réalise un nouveau tour de force avec cette réalisation magique et quasi sans faille soulevant de véritables enjeux sur l’utilisation des nouvelles technologies et les enjeux de l’essor de la culture geek sans jamais sombrer dans le moralisme et en déroulant une histoire pleine de bons sentiments. Véritable tour de force visuel, ce film ne s’inscrira pas forcément dans mes films préférés. Mais c’est un brillant hommage à tout ce qui constitue l’adulte que je suis devenu, et pour cela, je ne peux que remercier la légende d’avoir mis dans le mille une fois de plus…


Et en y repensant, n’est-ce pas juste une manière détournée de ce dernier de nous exprimer qu’il n’oublie pas ce qu’il a fait et ce qu’il fait et qu’il compte encore faire de grandes choses ? Que son objectif est toujours de nous faire rêver mais pas de brader son œuvre au profit d’un empire commercial ? Qu’il est conscient de son statut de créateur génial mais que comme James Halliday, il aspire juste à notre liberté de s’évader ?

MathiasBaum
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le 30 mars 2018

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