N'ayant pas lu l'ouvrage qui servit à Steven Spielberg pour réaliser sa nouvelle oeuvre, je ne pouvais que me prononcer sur la partie cinématographique. Celle-ci, en dépit d'une bande annonce qui annonçait une vague d'efficacité, ne manquait pas d'écueils sur lesquels le navire barré par le capitaine Steven risquait de s'échouer. C'était sans compter sur le talent reconnu de l'homme pour atteindre plus souvent qu'à son tour le Graal.
Dans un futur où la population mondiale est paupérisée pour le plus grand bénéfice de quelques multinationales, un jeu massivement multijoueurs immersif propose un havre récréatif au milieu de ce désert social : l'oasis. Chacun s'y adonne avec une implication qui pourrait apparaître prophétique. Au milieu de ces hordes de joueurs, Parsifal, jeune homme pour qui entrer dans la matrice apporte une immersion salvatrice dans un quotidien morose. Une quête haletante a été lancée par le créateur de cet univers virtuel. Parsifal compte bien trouver son Graal pour le plaisir ludique. Mais des enjeux bien plus colossaux et réels sont en jeu...
Efficace, Ready player one l'est assurément. Pour un film de 2h20, le temps passe en un éclair sans une once d'ennui. Baigné d'effets spéciaux, univers virtuel oblige, il offre un foisonnement de lumières et de formes éblouissantes. Mais comme Spielberg est aux commandes, ce festival numérique n'est pas une fin en soi et sert heureusement l'histoire. Celle-ci est basique mais efficace : le chevalier blanc, entouré de ses preux compagnons, va tenter de pourfendre le Mal, représenté par le patron d'une multinationale. Mais l'art du cinéaste est de magnifier la simplicité. Si la réalisation est maîtrisée, les références abondent. Elles sont certes légions pour les amateurs de jeux vidéos mais plus encore pour les amoureux du 7ème art. Spielberg étant lui-même passionné du sujet, il convoque à l'envi les personnages de films d'action, de dessins animés et je gage qu'après plusieurs visionnages il restera encore bien des clins d’œil à saisir. Chacun peut y trouver son plaisir : pour ma part, j'ai adoré la formule magique destinée à activer l'artefact, celle-là même employée par Merlin pour convoquer le dragon dans le film Excalibur. C'est ainsi que jeunes comme vieux pourront se régaler de ces clefs disséminées ça et là dans l'oeuvre.
Il demeure quelques petits regrets sur des points peu exploités : l’ambiguïté sur la confiance à accorder aux autres joueurs par exemple, le contexte politique par rapport aux multinationales (les flics, grands absents du films, débarquent après la bataille)...
La fin est telle qu'attendue mais tel était le postulat aisé à augurer. Rien n'est donc gâché et seul subsiste l'impression d'avoir assisté à un grand moment de divertissement. Un petit message est laissé à propos des dangers de l'addiction au jeu, la porte ouverte est ainsi bien enfoncée, merci bien. Mais le propos général ouvre sans doute sur un futur plus que probable. L'avenir le dira.