... On le sait depuis un moment mais redisons-le, Dupieux n’aime rien plus que se payer la gueule du monde. Ici, c’est l’histoire de … non en fait on s’en fout. Le principe est plus intéressant que l’histoire elle-même. Dans Réalité s’accumulent les différentes strates de réalité, bien qu’elles soient parfaitement incompatibles entre elles. On comprend vite que le récit n’aura pas grand sens. Le premier regard criera au scandale parce que très franchement, de prime abord, on y pige que dalle. Mais une fois le film terminé, il est temps de remettre dans l’ordre les pièces du puzzle. On renoncera à tout comprendre mais on peut s’attacher à certains thèmes que Dupieux a déjà développés précédemment. Il interroge une fois de plus (après Wrong Cops et Rubber) le rôle du spectateur et celui du producteur. Dans quelle mesure, une œuvre est-elle faite pour ou par le spectateur (ce que je suis en train de faire) ? Y-a-t-il nécessité de rendre une œuvre accessible ? Le producteur est-il l’allié du créateur ou au contraire son principal adversaire ? La réponse de Dupieux n’est pas explicite mais si l’on sait lire entre les lignes, on comprend tout le mépris qu'il a pour le décideur financier. De son côté, le spectateur est moqué pour son manque de curiosité et d’ouverture. Point d’insulte à son encontre ce coup-ci mais une démonstration de son incapacité à comprendre l’art. On en revient au premier point. Dupieux est un sale con, prétentieux et élitiste. Mais c’est assumé et là est tout l’intérêt de son travail. Il met les pieds dans le plat et provoque son monde. Sans cesse, il interroge le système dans lequel et pour lequel il travaille. On pourra juste regretter qu’il se place en héros branchouille mais sa désinvolture est au final rafraîchissante. Dans Réalité, on pourra saluer la prestation parfaite de Jonathan Lambert, bien plus convaincante que celle d’un Chabat qui se cantonne à son rôle habituel. Vantons également l’humour omniprésent et la qualité visuelle de ce puzzle. Bref, si vous n’avez pas peur d’être un peu chahuté et décontenancé, foncez vers cet objet filmique difficile à identifier mais fort intéressant.