Un documentaire sur la guerre froide, à travers le prisme du hockey sur glace, sur le papier, ça donne pas trop envie.
Et pourtant, dès les premièrs minutes du générique (dont le montage nerveux et graphique n'est pas sans rappeler ceux -très réussis- des films de Guy Ritchie), on pressent qu'on a eu raison de se faire violence en regardant Red Army plutôt que le 40e épisode de Hunger games divergents dans le labyrinthe des mutants du Hobbit.
Car les enjeux politiques et symboliques sont tels, que bon nombre de fictions paraissent bien fades à côté.
A travers le portrait épiqe de cette équipe d'URSS, c'est tout un pan d'histoire qui nous est conté, sans que le réalisateur n'en oublie jamais, et c'est là qu'il est très fort, de donner une dimension humaine et dramatique à son projet.
Car de l'émotion, il y en a beaucoup : elle transpire des interviews des différents intervenants (les membres de l'équipe de Hockey, leurs proches, leurs entraineurs…) qui sont tiraillés entre leur attachement à un système féroce et les désillusions qu'il leur a infligés. Régulièrement, on sent que les questions du réalisateur énervent les intervenants, dont les non-dits sont alors très parlants. Difficile, pour le spectateur, d'observer sans broncher ce qu'est devenu aujourd'hui Slava Fetisov (le documentaire est axé sur lui), lorsqu'on l'on sait ce par quoi il est passé.
Contrairement aux documentaires, pourtant passionnants de Werner Herzog (ici producteur), la forme n'est jamais négligée et le montage d'interviews (le réalisateur n'hésite pas à inclure des images qui auraient dû rester off, mais qui apportent beaucoup), d'images d'archives et d'animations est très nerveux et dynamique. Rajoutez à ça que le film n'est pas exempt d'humour, et vous comprendrez que Red Army est une totale réussite.