Ce premier long-métrage de Lisa Joy, créatrice et scénariste de la série à succès Westworld, au carrefour des genres, est une dystopie futuriste où les souvenirs du passé se consomment comme une drogue. Dans un monde ravagé par le réchauffement climatique, en plein Miami submergé par l'océan, un détective privé spécialiste de la nostalgie s'amourache d'une mystérieuse cliente. De cette romance nait le thriller car cette dernière disparait sans laisser de traces... Reminescence est un film noir de grande envergure aux décors remarquables et impressionnants. Cet univers, très crédible et effrayant, est pour moi le point fort du métrage car il regorge de détails visuels et définit des nouveaux codes de vie sur les vestiges d'une ville qui sombre peu à peu dans les abysses. On comprend alors aisément l'attrait irrésistible que les souvenirs occupent dans le quotidien de ces habitants... Le cadre du thriller d'anticipation est bien planté, agrémenté d'une belle photographie et d'une bande originale sympathique. Ce qui m'a moins emballé (bien que ça se laisse regarder), c'est le scénario : une tragédie romantique au final très intimiste qui place ce monde inondé presque au second plan. J'ai trouvé très étonnant que le scénario ne profite pas plus de ce paysage gigantesque pour narrer une histoire plus engagée, de façon écologique j'entends. S'ajoutent à cela quelques maladresses : la voix off quasi-omniprésente, une narration inutilement alambiquée à la Nolan, un méchant pas très subtil et une imagerie clichée par moment. Heureusement, le dispositif de la machine à souvenirs et quelques scènes d'action mouillées permettent de visiter les vastes contrées délabrées et de rester concentrer, et ce, malgré une intrigue un peu téléphonée. Si le casting assure de façon générale, Hugh Jackman et Thandie Newton n'occupent pas là leurs meilleurs rôles, bien qu'ils soient investis émotionnellement. Rebecca Ferguson, par contre, en femme fatale sexy, est énigmatique et d'une intensité indéniable, notamment lors de ses scènes derrière le micro... C'est un divertissement agréable signé par une réalisatrice prometteuse qui gagnerait sans doute à fluidifier ses récits, quitte à s'éloigner du film à gros budget...

alsacienparisien
6

Créée

le 30 août 2021

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