Après le roman à succès et quelques adaptations théâtrales, Réparer les vivants a le droit à sa version cinématographique. Abordant un thème sensible avec un casting cinq étoiles, le film de Katell Quillévéré (Suzanne, Un poison violent) donne l'eau à la bouche dès la bande-annonce. Pour ma part, je suis resté déconcerté car la réalisatrice a choisi le parti prix d'un hyper-réalisme à la limite du documentaire. En effet, on suit l'itinéraire d'un cœur en pleine santé qui passe d'un corps jeune à un autre corps abîmé et fatigué. Les émotions sont fortes et les acteurs excellent dans un lâcher prise émotionnel sans jamais sombrer dans un pathos facile et gratuit. Le sujet abordé du don d'organes est tabou dans notre quotidien car on ne pense pas à poser cette question parmi notre entourage et Réparer les vivants vient la reposer sans nous étouffer. Il y a de l'air, des nombreux personnages aux tempéraments opposés qui empêchent le film de s'enfermer dans le mélo. Et malgré l'investissement impressionnant des acteurs, il manque ce petit quelque chose qui donne de l’intérêt à une intrigue car on devine dès les premières scènes la suite des événements. Il n'y a en effet aucune surprises ni retournements de situation. On suit le déroulement classique d'une procédure qui se fait dans la plus grande discrétion et dans le plus grand respect du défunt. Toujours à l'image d'un documentaire. D'ailleurs, le rapport à la parole est aussi très quotidien, voire banalisée. Il y a des fois où on ne comprend pas ce qui est dit et je trouve que le choix des acteurs répond très bien à ce rapport "de l'instant" avec la parole ; je pense notamment à Tahar Rahim ou au rappeur Kool Shen. Néanmoins, je me suis laissé captivé par l'interprétation de certains acteurs comme Anne Dorval qu'on retrouve ici dans un rôle diamétralement opposé à ses rôles de composition excentrique habituels. Elle joue la receveuse, une femme fatiguée et malade, prouvant ainsi sa capacité à se muer tel un caméléon. Emmanuelle Seigner est également très poignante, tout comme Alice Taglioni à défaut d'acteurs masculins plus réservés. Réparer les vivants est un film à double tranchant, fascinant par ses acteurs et parfois dérangeant par son sujet et son parti-prix d'hyper réalisme.

alsacienparisien
6

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le 6 nov. 2016

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