Carol tente de fuir le loup de son enfance, mais celui-ci reprend visage dans chaque homme qu'elle croise. Malgré les délires de son esprit, elle ne sombre dans la folie grâce à sa sœur, celle-ci suppose son seul point d'appui et sa boue de sauvetage (comme on le voit au début, elle peut refuser les avances d'un jeune homme car elle dit devoir dîner avec sa sœur). L'appartement qu'elles partagent est un cocon pour Carol, mais celui-ci se voit troublé par les va et vient de l'amant de sa sœur. Tous les jours elle part travailler à pied, cette traversée de Londres s'apparente pour elle à un grand bois où les prédateurs rodent de partout, de plus qu'elle est jeune et jolie.


Et puis tout se décompose le jour où sa sœur décide de partir quelques jours en Italie avec son amant. Carol se retrouve confronté à soi-même et à sa propre peur. Elle commence peu à peu à sombrer dans la folie, et au rythme que s'accentue sa paranoïa, les portes du monde réel se referment sur elle, finissant par faire de son appartement sa prison. Elle en perd la valeur du temps, qui ne s'apparente plus qu'en cadavres qui se putréfient et baignoires qui débordent. Toute personne qui veut l'aider est pour elle un envahisseur. Ce n'est que dans la scène finale que l'on prend conscience totale de la phobie qu'a Carol envers les hommes et de la source de ce mal. L'introduction est une image de l’œil de Catherine Deneuve en mouvement, qui regarde autour d'elle, comme si un danger allait surgir de nulle part, la conclusion est un zoom sur le visage de la jeune Carol dans un dîner de famille, regardant d'un regard noir celui que l'on suppose être son père.


Car Répulsion, c'est l'histoire d'une jeune fille violée qui tente de reprendre place dans son monde mais qui est poursuivie par les ombres du passé. C'est une Catherine Deneuve comme je ne l'ai jamais vue, en tant que jeune fille candide, belle et apeuré. C'est un Polanski qui prouve, encore une fois, son génie, avec une maîtrise technique parfaite.

Makoki
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le 8 mai 2017

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