Décidément, j'ai l'impression qu'entre Polanski et moi, ce ne sera jamais simple. Autant, dans le genre malsain, j'avais beaucoup aimé "Le locataire", autant "Répulsion" m'a laissé le sentiment d'une oeuvre un peu creuse et sans but. Le malaise de l'héroïne est si opaque que j'ai eu bien du mal à me sentir concerné (et c'est peut-être mieux comme ça à vrai dire, quand on sait ce qui arrive aux personnes de sexe masculin qui ont tenté de "pénétrer" son univers). Beaucoup de choses énervent dans ce film : cette fameuse Carole tout d'abord, qui devient vite fatigante dans son rôle inexpressif mi-zombie, mi-somnambule (et toute l'histoire tourne autour d'elle, donc bon...), mais provoque chez les hommes une sorte de fascination qui m'échappe totalement ; son soupirant qui s'acharne malgré les signaux plus que négatifs qu'elle lui envoie (vachement subtile, symboliquement, la scène où il enfonce la porte) ; et puis le proprio pervers bien caricatural... .
Pour ce qui est de l'intrigue, là encore, c'est un peu confus. La "révélation finale" qui explique l'attitude de notre héroïne névrosée coulait tellement de source que lorsqu'elle nous est révélée, sa puissance équivaut à celle d'un pétard mouillé. Reste donc la forme, le traitement du sujet. "Répulsion" est-il un film inquiétant ? Vaguement. Malsain ? Idem. Polanski ne ménage pourtant pas ses effets : gros plans, déformations des visages, des pièces, huis-clos quasi-perpétuel, noir et blanc crasseux, forts contrastes, lumière crue, beaucoup de silence(s) - et donc peu de dialogues - pour générer un malaise, scènes de viols muettes, hallucinations, bruitages soudains et stridents, tocs et rituels étranges... Au fur et à mesure, la tension monte, mais elle semble sans cesse atténuée par cette chape de plomb étouffante, cette langueur déprimante, qui l'empêchent d'atteindre son paroxysme. Curieux... Vraiment curieux. Je m'aperçois que finalement, ce film porte très bien son nom : je me suis littéralement senti repoussé par lui, comme s'il ne voulait pas que je le regarde. Peut-être était-ce le but après tout, et qu'au lieu de faire claquer un malheureux 5, je devrais être en train de crier au génie !
Psychedeclic
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le 11 mars 2011

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