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Un tank OKMO. Conduit par un pilote de Formule 1 si on veut, mais Requiem pour un massacre reste un tank OKMO. Passées les quinze premières minutes, le message est asséné tant et plus : les nazis sont méchants, les soviétiques sont des martyrs. Que les nazis ne soient pas recommandables (litote) et que les campagnards du front de l’est aient payé un lourd tribut (euphémisme) à la barbarie pendant la deuxième Guerre Mondiale, cela est doublement vrai, là n’est pas le problème. (À quel spectateur cultivé Requiem pour un massacre l’apprendra-t-il ? À aucun. Mais on peut considérer que cela ne soit pas la fonction première d’une fiction.)
Le problème, c’est que cette dichotomie constitue le seul et unique propos de l’œuvre. L’initiation du jeune héros, la revanche et la vengeance, la plaine marécageuse qui sert de cadre au récit, la violence elle-même auraient pu constituer des thèmes pour ce film qui, littéralement, n’en finit pas. Un œil jeté à l’Enfance d’Ivan, autre film « de guerre » soviétique sur un jeune soldat pendant la deuxième Guerre Mondiale, laissera entrevoir en quoi Requiem pour un massacre est une œuvre-tank. C’est simple : j’associe le film de Tarkovski à son plan inaugural, celui où le héros apparaît derrière une toile d’araignée ; quand je pense à celui d’Elem Klimov, je vois plutôt un gigantesque piège à loup.
Mais ce qu’on ne peut pas retirer à Requiem pour un massacre, c’est sa puissance formelle. Bordel, qu’est-ce que c’est bien réalisé ! Ça n’est pas propre, hein, çà non : un format 4/3 qui laisse penser que les salles de cinéma soviétiques étaient étroites, et qui dénonce le mauvais cinéma plus sûrement encore que le noir et blanc, beaucoup de gros plans sur des visages qu’on croirait tirés de westerns cradingues et, d’une manière générale, quelque chose de rauque. Tout est maîtrisé, avec une réalisation et un jeu d’acteurs qui ne sentent pas juste le travail : il y a du talent pur dans Requiem pour un massacre, mais trop de chenilles.
Créée
le 7 nov. 2016
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