Premier film de Quentin Tarantino, Reservoir Dogs présente déjà toutes les caractéristiques que l’on pourra observer dans ses films suivants : une narration non-linéaire, une bande-son étudiée, un casting prestigieux, un langage cru et une violence brute de décoffrage. Réalisé avec un budget relativement limité (1,2 millions de dollars), le film concentre une grande partie de son action dans un garage où des dialogues ciselés entre des acteurs comme Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen ou Steve Buscemi formeront la majeure partie de l’action de ce film. En effet, tourné souvent en caméra fixe, on observe ces échanges comme un spectateur de théatre regarde une pièce : la mise en scène est très épurée et donne parfois une impression étrange d’être caché dans ce garage avec ces gangsters paranoïaques et caractériels.

On pourra reprocher parfois à ce film d’être extrêmement bavard, mais ces dialogues qu’ils traitent de l’action (réflexion sur les évènements passés) ou de choses anodines (comme une chanson de Madonna ou la nécessité de donner un pourboire à une serveuse) posent toute l’ambiance de ce film. Et l’aspect contemplatif de Reservoir Dogs est souvent tranché par les flashbacks plus mouvementés ou certains moments-clés du film que ce soit l’échange de fin ou la fameuse scène de Michael Madsen sur un fond de “Stuck in the middle with you” des Stealers Wheel.

De son propre aveu, Quentin Tarantino a pioché dans de nombreux films pour créer celui-ci : de Stanley Kubrick aux films hong-kongais, beaucoup de scènes en rappellent d’autres. Mais l’originalité de ce film de 1992 est être parmi les premiers à assumer complètement un amour du cinéma par la référence et à digérer la pop-culture comme étant un élément essentiel de l’identité du film. Les codes du film de gangsters, les échanges à propos d’une chanteuse, la violence sanglante, le langage cru, la bande son rétro (ah, Little Green Bag) : tout est fait pour donner une identité propre au film par le biais d’un patchwork d’influences. Et c’est sans aucun doute cette patte Tarantino qui se dessine ici et qui fait de ce long-métrage un modèle du genre d’un cinéma assumé, faisant du neuf avec du vieux mais en le faisant de manière remarquable !

Le statut de film culte de Reservoir Dogs n’est absolument pas volé et 20 ans après, la construction de ce long-métrage et le jeu de ses excellents acteurs (le quatuor Keitel-Madsen-Roth-Buscemi est impressionnant de qualité), restent parmi les modèles du genre. Loin d’être un brouillon, ce premier film de Tarantino reste encore à ce jour mon préféré (même devant Pulp Fiction) car en mon sens court, efficace et avec un équilibre rétro-humour-violence parfait.

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Auteur : Eric
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le 2 déc. 2012

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