Pour son premier film, Tarantino nous livre un film « violent », original de par sa structure narrative, à la maîtrise parfaite et superbement servi par une brochette d’acteurs flamboyants.
« Reservoir Dogs » est un classique instantané, un chef d’œuvre, Quentin Tarantino révolutionne le genre du polar à l’aide d’un scénario complètement déstructuré. Ce faux huis clos au nombreux flashbacks prend constamment le spectateur par surprise. La violence réside plutôt dans la façon avec laquelle le cinéaste brutalise son spectateur avec un cadre spatio-temporel toujours très subtil. En fonction de l’action, le spectateur est soit en avance par rapport aux personnages ou soit en retard, donc pris à contre pied.
Les critiques ont beaucoup reproché à « Reservoir Dogs » de banaliser la violence au cinéma, notamment à cause de cette fameuse scène de l’ «oreille coupée». Je pense plutôt que Tarantino est malin, en effet c’est sa manière de filmer cette violence avec humour qui nous rend d’une certaine manière complice de ce à quoi nous assistons. L’utilisation de la musique dans cette scène est parfaite, cette musique nous entraîne, nous fait taper du pied, nous fait aussi sourire, notamment lorsque Mr. Blonde (Michael Madsen) se met à danser. Nous tombons alors dans le piège qui nous est tendu. Le côté pervers de Tarantino se poursuit avec ce travelling qui nous fait suivre Mr. Blonde jusqu’à sa voiture, alors qu’on retrouve l’air libre, que nous croyons enfin respirer, c’est pour mieux retomber dans l’enfer et dans le piège que représente cette scène, qui au final nous laisse un amer sentiment de culpabilité.
On rencontre aussi l’univers qui sera développé par la suite dans « Pulp Fiction », dans lequel le personnage principal d’une histoire est un partenaire secondaire d’une autre, tous souscrivant à la croyance réconfortante, parfois illusoire, que, dans le film de leur vie, ils sont la star...
Premier coup d’essai, premier coup de maître !