Restless par Anna_M

Magnifique... Restless respire la fraicheur. La mort est abordée dans sa continuité avec la vie : Enoch vit avec un fantôme, Annie veut des milk shake et des hamburgers à sa cérémonie d'enterrement... A partir d'un sujet grave, ou plutôt tragique, Gus van sant crée une sorte de fable atemporelle sur l'approche de la mort. Une fable, car on n'est pas vraiment dans un drame. Le jeu des acteurs respire la joie de vivre, la pureté, et les personnages ont cette fausse naïveté éclairée qui les rend très attachants. Une fable atemporelle, car une partie de la magie du film vient du fait que l'on ait du mal à situer les héros dans le temps... Leurs looks aux couleurs très automnales, douces et chaudes, semblent pouvoir venir des années 80 comme d'aujourd'hui. Ce qui compte plus que tout c'est la façon dont ils préparent le terrain à Annie qui se sait condamnée, peu importe les détails réalistes (on ne la voit jamais souffrante, très peu à l'hôpital, à croire qu'elle vit dans du coton). Tout le film est emprunt d'une sérénité, sans pour autant cacher les doutes et les peurs que suscite la mort. Tout y est très humble et gracieux. Van sant met encore une fois en scène des marginaux avec un talent fou. Leur histoire d'amour, bien qu'un peu facilement amenée (encore une fois, réalisme un peu laissé au second plan) semble évidente : les regards en disent long. Les couleurs sont très belles et participent à la douceur de Restless. Van sant joue sur l'ambiguité : son film a la trame d'un mélodrame, mais n'est jamais traité de la sorte. Jamais on n'est dans le pathos. J'ai particulièrement aimé la scène de la mort d'Annie dans sa maison... On nous fait passer des larmes au rire avec une finesse incroyable. On se sentirait presque idiot d'avoir pleuré. La mort est dédramatisée, abordée sous un nouvel angle. C'est vraiment très beau.