Un modèle dans son genre. Tuner une voiture avec 3 tuyaux et un couvercle de marmite et vous avez l’engin d’exploration le plus classe qui soit dans l’histoire de la science fiction. Mais au-delà du plaisir du divertissement, Retour vers le futur est un portrait générationnel plutôt bien trempé pour sa carrure. L’introduction du présent de 1985 est en cela particulièrement mordante dans son portrait de famille myenne, où le père raté n’a jamais pris son envol et où la mère s’est engagée sans réfléchir et se retrouve coincée dans une vie de famille qui a ruinée son physique et sa motivation. Le quotidien frustrant d’un Marty très rock’n roll dont les aspirations musicales se voient découragées par tout son entourage à l’exception de sa petite amie. Beaucoup d’éléments initiaux (comme ce mépris tacite de Marty pour sa famille et ses parents, qui les a toujours imaginé raté). Arrive alors Doc, le cliché le plus jubilatoire de l’histoire du cinéma, qui n’a besoin que d’une coupe peinée à la dynamite et de deux minutes d’explication balancées à toute vitesse pour nous faire accepter l’improbable machine, ainsi que la source du plutonium nécessaire aux voyages dans le temps. L’accident arrive, et nous voici de retour dans la nostalgie des années 50, avec une reconstitution d’époque et l’amorçage d’une boucle temporelle frisant le paradoxe qu’il faut rétablir. C’est alors que le film se met à faire le choix d’éviter toute précipitation par le moyen bancal de la photographie qui s’efface petit à petit. Un choix étrange qui ne cadre pas vraiment avec la logique de causalité prônée par Doc, mais qui laisse ainsi le temps au spectateur de suivre l’histoire, et à Marty d’éviter de commettre l’inceste. Inceste heureusement évité par une scène de baiser dont l’effet est immédiat, faisant oublier d’un coup toutes les tracasseries qui nous accablaient jusque là. Car la gestion du temps de Retour vers le futur est l’illustration d’une idée, une logique imprègne la saga, dont l’aboutissant ne sera d’ailleurs révélé que dans le troisième opus.
L’autre capital sympathie, c’est l’illustration des parents, qui sont eux aussi opposés aux mêmes choix que Marty à son époque, et dont les destinées semblent vouées à l’échec (un adolescent bourré de complexes malgré son esprit créatif et une naïve s’attachant au plus vite au premier homme passant à sa portée). George McFly (incarné par le génial Crispin Glover) et tous les clichés qu’il traîne doit alors faire face à plus de bêtise que de méchanceté : l’incarnation jubilatoire de Beef Tanen, qui au fil des années incarnera toujours le rival stupide et costaud, lui aussi bien cliché, mais immédiatement attachant dans sa carrure d’épouvantail. Le père coatché par le fils pour séduire la mère, avec l’humour caustique sur le caractère empoté de ce dernier. Pour rendre le tout plus attachant, le film multiplie sans arrêt les clins d’œil et les parallèles entre 1985 et 1955, tout en ménageant le suspense du dernier soir avec un bal où l’action ne cesse de se diversifier, culminant dans la tendue dernière ligne droite, qui laisse le spectateur dans une jubilation tout simplement réjouissante. Fuck l’effet papillon, le futur peut s’améliorer, si on retourne dans le passé pour donner des leçons de ténacité au bon moment. La perfection de la formule est évidente (parfaitement calibrée pour un divertissement de qualité), et la chaleur humaine des protagonistes emporte le morceau pour ce qui restera le meilleur opus de la saga. Tout simplement inoubliable.

Voracinéphile
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le 5 mai 2014

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