Premier film de Coralie Fargeat, Revenge offre un scénario sibyllin : une jeune bimbo, violée et laissée pour morte par trois hommes en plein désert, décide de prendre les armes et de les traquer.
Mais derrière l'apparente simplicité de ce script classique du "rape and revenge" se cache un film de genre incroyablement graphique, violent, référencé et au final, résolument libre.


Commençons par ce qui saute aux yeux : Revenge a une gueule terrible!
Qu'il est jouissif de voir un film français, indépendant, à petit budget, développer un tel souci esthétique !
Fargeat possède un sens du cadre et une maîtrise de ses scènes d'action qui laisse rêveur et dont pas mal de monde ferait bien de prendre de la graine...
La jeune cinéaste rend également hommage à ses contemporains, Revenge se trouvant à un carrefour improbable où Harmony Korine (Spring Breakers), Oliver Stone (on pense à Savages), Tarantino, Winding Refn, Jan Kounen et George Miller se foutraient allègrement sur la tronche, pour savoir qui doit tourner tel ou tel plan !
Revenge bouillonne d'une énergie débordante qui nous gicle au visage. On a rarement vu film français aussi sanguinolent, outrancier et gore.
Âmes sensibles...


Le film dépeint la transformation d'une lolita apparemment creuse et superficielle en une authentique survivante, Diane chasseresse dopée au peyotl (attention, trip d'anthologie !), shootant tout ce qui bouge au fusil à lunette.
Quand le vernis à ongles rose bonbon s'écaille, Barbie devient Lara Croft...


On saluera la très physique prestation de Matilda Lutz, la comédienne n'ayant qu'une poignée de répliques à dire mais beaucoup de sang à verser !
Le reste du casting n'est, par contre, pas totalement au diapason mais l'on se demande parfois si ce jeu "faux" ne découle pas d'une volonté d'ancrer encore d'avantage le film dans la série B de vidéoclub.
Il serait pourtant dommage de ne pas profiter du film sur grand écran, tant la photographie alterne entre contemplation et dégoût, paysages immenses et plans macro dignes d'un Microcosmos de l'horreur...


Non, Revenge n'est pas sans défaut. Mais qui lui en tiendrait rigueur serait susceptible de se prendre un headshot depuis le haut d'un canyon, par une pistolera en mini-short...


Alors, on va juste fermer sa gueule.

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le 17 févr. 2018

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