«Revenge», un «Rape and Revenge» à la photographie flamboyante, au cinémascope envoûtant qui fleure bon la vengeance, la pourriture humaine, le sang, le sable et la poussière ? L'objet n'est pas un énième long-métrage américain au manichéisme dégoulinant type «I spit on your grave» (2010) mais bel et bien une production française, qui plus est, réalisée par une femme, une certaine Coralie Fargeat. Comme sa compatriote Julia Decourneau, il y a quelques mois avec «Grave», Coralie a réussi un double exploit, celui de s'imposer dans un sous-genre plus que masculin et quasiment banni du paysage cinématographique français, mais aussi réveiller un cinoche français endormi tout du moins engourdi dans des productions formatées (je n'irai pas plus loin de peur d'être grossier!). Alors un peu de trash dans ce monde de comédies bankables ou de films d'auteurs tristes à mourir, ne peut faire que du bien ! Et du trash, «Revenge» en regorge en propulsant Jen (Matilda Lutz, physiquement impressionnante) son héroïne dans les griffes de trois psychopathes qui s'ignorent (enfin pas temps que ça!). Le premier, Richard (Kevin Janssen), un chef d'entreprise et père de famille rangé voyageant entre la France et les USA, invite Jen, sa jeune maîtresse dans sa somptueuse villa au milieu du désert. Le couple sera bientôt rejoint par Stan (Vincent Colombe) et Dimitri (Guillaume Bouchède). Les deux Frenchy, associés de Richard sont là pour une partie de chasse. Mais un incident survenu dans la villa va transformer cette partie de chasse au gibier en chasse à l'homme, en l’occurrence en chasse à la femme. Coralie Fargeat filme au plus prêt la transformation voire la mutation de ses personnages au cœur d'un récit punchy et radicalement féministe (véritable pied de nez à l'actu). La jeune Jen va devoir batailler ferme face à l'archétype même des pires salopards que compte la gent masculine. D'une durée totale d'1h48', le film est un poil long pour le genre et souffre de quelques incohérences et autres invraisemblances. Peu importe, c'est un véritable défouloir. Accrochez-vous car la dernière heure envoie du lourd. L'écrin désertique comme décor nous renvoie au cinéma d'Aja et «La colline à des yeux». Ici les yeux de la vengeance sont bleu/vert. Coralie Fargeat se permet un cinéma complètement décomplexé, un cinéma rentre dedans, gore à souhait qui sert parfaitement le scénario. Certaines fulgurances visuelles, comme les mouvements de caméra ou les gros plans sanglants à la Sam Raimi, imprégneront l'esprit pour un bon bout de temps. Il aurait été drôle qu'à l'international, le film soit distribué par Harvey Weinstein ! En tout cas, vive les femmes !!