Regarder la neige tomber. Tous ces flocons qui volent, qui s’éloignent les uns des autres, bousculés par le vent. Juan, Samuel, Sara et Chauk font partis de ces flocons. Ils ont tous un rêve. L’un veut être cowboy, l’autre indien, mais tous rêvent des USA. 
Le vent, voici le protagoniste du film Rêve d’or de Diego Quemada-Diez. C’est l’ennemi de ces quatre personnages. Ces quatre adolescents Guatémaltèques qui sans relâche et par tous les moyens veulent atteindre leur but. Ce vent effroyable qu’ils ont toujours contre eux sera la cause de nombreuses tentatives. La police les arrêtera, l’armée les poursuivra, un gang mexicain les volera. Mais ils repoussent les limites. Accrochés sur les toits des trains comme tant d’autre. Mais combien arriveront à la terre promise ?
Ils traverseront de vastes terrains hostiles et déshumanisés. Et cette frontière leur parait toujours infranchissable. Ne sortiront-ils jamais de cette prison dans laquelle ils sont enfermés ? Derrière un grillage, des barreaux, des fenêtres, et dans l’obscurité des tunnels qu’ils traversent, ils sont toujours bloqués. Leur voyage se résume à un sans cesse aller-retour. Un sentiment d’une course en reculant, de tourner en rond. Que faire devant le mur qui les sépare de la vie rêvée ? Ce haut mur, protégé par la police, des hélicoptères, et des milices, et un désert. Un long désert, dans lequel des « coyotes » s’enrichissent grâce à ces nouveaux arrivants qui sont prêt à tout donner pour avoir la vie tant désirée.
Entre fiction et documentaire, ce film apporte un vrai témoignage sur les milliers d’immigrés qui chaque année partent pour l’Amérique. Une image très poignante et réaliste sur le Guatemala, pays de misère, avec ses nombreux bidonvilles ; sur le Mexique, pays violent, dangereux, vaste, et traversé par ce long train emprunté par toutes les personnes en quête d’un pays dans lequel ils espèrent une vrai vie ; et sur les Etats-Unis. Vendeurs de rêves. Ce pays infranchissable qui donne de faux espoirs. Quelle désillusion. Juan rêvait de chevaucher les plaines sur son cheval, mais il n’y découvrira que de longues autoroutes, du bruit, de la pollution, et la violence d’une boucherie, symbole de gaspillage, de mal-bouffe et du travail à la chaine.
Finalement pourquoi partir ? Toutes les épreuves qu’ils endurent ne les mènent nul part. Ils ont quitté leur culture, leur famille, leurs amis, et ne finissent qu’un parmi les autres, seul parmi tous. Comme tous ces immigrés sur les trains. Comme tous ces flocons de neige que Juan regarde tomber.

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le 24 avr. 2015

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r0berto

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