RoboCop 3
3.6
RoboCop 3

Film de Fred Dekker (1993)

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Pour ce troisième volet de la mythique série, le scénario frappe d'emblée très fort.


Effectivement, dans les deux derniers opus, la société ne s'encombrait presque plus de la dignité humaine et de la morale. Ici, elle l'a semble-t-il définitivement enterrée.


Detroit (renommée "Delta city" - ça craint!), anciennement rachetée par une multinationale folle et corrompue, est sous l'emprise d'une autre firme (japonaise, à tendance colonialiste) qui a racheté l'autre et donc par extension la ville.


Plus question de conférences de presse, de sourires et faux-semblants. Elle déloge au bulldozer les familles et les oblige à monter dans des bus louches, sous la garde de mercenaires armés jusqu'aux dents - chose qui risque fort de nous arriver dans ces temps de non-démocratie.


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Le cliché de la famille américaine, en début de film, est certes touchant mais personne ne viendra me faire croire qu'une gamine de 10 ans à peine pianote des formules mathématiques à son âge sur un mini ordinateur et encore moins en regardant un journal télé. C'est comme si on nous présentait un clown alcoolique qui jouait au loto tout en jonglant avec des sabres.


Oh oui, il faudra aussi qu'on m'explique comment une clocharde possède un explosif militaire. Le quartier est censé être "pauvre" et je serais étonné que les SDF du coin fassent la manche pour ça ("Z'auriez pas une p'tite barre de TNT s'il vous plaît ?").


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Suite à ces événements, la gamine du départ se retrouve séparée de ses parents et tombe "par hasard" dans les mains de citoyens rebelles - du genre la bande à Scoubidou avec une camionnette similaire. Ceux-ci projettent de faire un casse dans l'armurerie de la police (tiens, rien que ça ?!).


On y apprend qu'en fait cette môme c'est Einstein réincarné. Avec son PC Fisher Price elle peut pirater un robot tueur en quelques secondes. Elle appuie sur trois touches et hop c'est fait! Et tout ça sans que l'entrepôt ne soit gardé. On y croit hein!!


La joyeuse bande arrive à échapper à une fusillade et à semer quatre unités de flics, tout ça dans un camion en bout de course qui doit faire...allez...du 90 km/h. Mh...non non, je n'y crois toujours pas...


Les "affaires" ne se passant pas comme prévu (évacuation trop lente et trop visible), les méchants japs décident d'intégrer Robocop à leur équipe de déportation - en inhibant ses émotions. Chose qui ne se fera pas grâce à son (très sexy) médecin - je veux la même ! - et il passera aux mains de la résistance.


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Ce film est un véritable monument dédié à la joie de vivre. En l'espace de quelques minutes, plusieurs personnes se suicident. L'une en sautant d'un building et l'autre par arme à feu. Et la collègue du cyborg s'est faite truffer de plombs.


Sinon tout baigne.


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Bon j'avoue qu'à ce moment la moitié du film (1h déjà !) est passée et que rien de spécialement intéressant ne s'est produit - c'est dire si Robocop 3 est un vrai naufrage.


Révélation soudaine et inattendue, les japonais ne sont pas seulement très très méchants (avec leur coupe de cheveux plaqués sur le crâne), ils ont envoyé un tueur cyborg sans pitié qui fait des acrobaties comme Néo dans Matrix. Un saut périlleux et il embroche trois types, ouah! Ce dernier trouve sur leur corps un putain de plan fléché pour aller au repaire des rebelles - moi je lui aurais carrément envoyé un taxi pour faire plus simple.


La société dans laquelle ces gens vivent est peut-être pourrie, ultra violente mais son seul avantage c'est qu'elle est "rétro-futuristo-technologique". Dans le sens où on est plongés dans les années 80, avec des écrans d'ordinateur aussi épais qu'un mur et un style vestimentaire démodé, mais ils inventent des robots ultra modernes et même un traducteur universel. Ba-laise! Un peu comme si un singe te braquait avec un revolver laser.


Le détail qui me fâche, même si au fond j'aimerais vraiment posséder le même, c'est ce foutu flingue de notre héros bourrin. Une arme de poing qui fait mitraillette. D'où sort-il ses 400 cartouches, de son cul ? Il en dépense plus que l'armée américaine et il la recharge une fois par film - soit une autonomie de trois jours - !!


Pourtant, malgré un scénario drogué aux amphétamines, je me dois de reconnaître que la trame n'est pas si mauvaise. Les personnages ont une personnalité intéressante et sont attachants, les scènes très bien tournées dont certaines assez drôles. C'est juste que R3 sonne telle une parodie de parodie et, au bout du compte, faux au sein de la trilogie.


Ce qui me fait poser une question : ...qui a cru dans l'équipe de production que le tas de poudre blanche sur votre table était de la farine ? On avait tous les éléments pour un troisième film sympa, il contenait plein d'idées cool et de flinguage de méchants... alors pourquoi tout foutre en l'air avec une histoire à côté de ses pompes ? C'est franchement très con de votre part.


Pour enfin vider le quartier, les mercenaires (pas très malins ni qualifiés) engagés par la multinationale grossissent leurs effectifs avec des criminels, tandis que la police décide de faire barrage avec la population - bel effort vu le nombre et le matériel de l'armée ennemie.


Au passage, Murphy se fait découper par le cyber-jap' et son sabre...qui ne tiennent pas longtemps. On nous a fait lambiner près d'une heure trente, nous faisant miroiter un combat machine vs. machine, ...où la plus méchante se fait décapiter en trois minutes et deux cabrioles...vous vous foutez de ma gueule ou quoi?!!


Bref, notre sympathique héros trouve encore par chance (le hasard fait des merveilles dans R3) sa nouvelle tenue qu'il avait refusée (une armure volante avec missiles intégrés tout de même !) et défonce à lui tout seul la troupe en dix secondes. Je sais qu'il est badasse mais là je trouve que c'est un peu forcé.


Je ne narrerai pas la fin tellement elle est folle, décalée et sans intérêt.


Morales de l'histoire :


1/ les armes de poing de 400 cartouches n'existent pas.
2/ les Japonais c'est le mal.
3/ plus une série se développe, plus elle est conne.
4/ ne maltraitez pas vos boîtes de conserve, vous pourriez le regretter!


Conclusion:


Un massacre narratif, avec quelques touches de réussites ponctuelles, à regarder sous acide.

nicaram
4
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le 31 janv. 2022

Critique lue 24 fois

nicaram

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