Manhunt
7.4
Manhunt

Série Discovery (2017)

Parti d'un sujet connu et intéressant, Manhunt : Unabomber (2017) tente de retranscrire avec du mal l'arrestation d'un des plus dangereux criminels de son époque...en vain...


Le stéréotype du stéréotype

UB essaye pourtant de faire un lien entre le passé du personnage principal et le présent. Entre d'autres termes, entre la traque du tueur en série et le face-à-face du profiler et du détenu.

Pour ce faire, il est choisi d'utiliser une tonne de flashbacks sapant la progression de l'histoire et plongeant le téléspectateur dans la confusion car il ne sait pas trop où on en est. Est-ce le présent? Le passé? Un évènement se déroulant dans le passé ou bien un présent se passant devant ses yeux?


D'autre part, le début est assez cliché tout simplement parce qu'on nous refait le coup du "héros blasé qui s'est retiré de la civilisation après avoir tout perdu [probablement sa famille à force de bosser comme un dingue pour attraper un fou]". Ca sent, dès le départ, déjà le réchauffé et je m'inquiète donc pour la suite.


Pour appuyer cette hypothèse, l'introduction de la série n'est pas bien engageante. Effectivement, ce type qui en est le centre (là je parle du gentil) de notre attention entre à Quantico pour servir de rédacteur à une bande de débiles qui pensent déjà tout savoir et lui demandent d'écrire que Unabomber a des problèmes d'érection ou un truc dans le genre...

N'importe quelle personne normalement constituée flairerait déjà, de base, la connerie à 10 km. Ma phrase a évidemment un double sens parce que je mentionne à la fois le scénario et l'idée en elle-même qui est absurde. Normalement, un profiler sait parfaitement que provoquer un tueur insaisissable équivaut à le mettre en rogne et donc causer plus de morts. Mais là ils ont juste l'air cons et despotiques - tu obéis ou tu es licencié! -.


Seul et contre tous - encore un stéréotype hérité du beat'm'all -, il va vouloir imposer son raisonnement à sa hiérarchie quasi hermétique à à peu près tout. Sa collègue, ayant accepté son raisonnement depuis le départ - pourquoi d'ailleurs, ce n'est même pas une blonde! (désolé, la blague était irrésistible si c'en est vraiment une) -, est mystérieusement fascinée par lui bien qu'on ne sache pas trop pourquoi.


Tous les ingrédients sont réunis pour faire une parfaite histoire de merde comme sait le faire l'usine à produire à la chaîne des séries pourries à grand public, Netflouze. N'étant qu'au second épisode, cet avis est bien sûr temporaire (ou pas)!


Totalement à côté de la plaque

En fin de compte, ce qui me gêne le plus c'est le cadre. A savoir déjà ce décalage flagrant - voulu dans UB - (et j'exagère pour mieux le faire comprendre) du flic assidu qui a une intuition fondée sur une méthode originale avec cette équipe de Cro-Magnons qui tiennent plus des CRS, lorsqu'ils sont à deux doigts de se défouler sur un manifestant, que d'enquêteurs chevronnés.


Effectivement, ce genre de métier demande forcément une ouverture d'esprit hors du commun et un intellect supérieur pour appréhender des criminels difficiles à arrêter. Là on a plutôt des joueurs de rugby chauds bouillants avides d'en découdre. On y croit donc pas un seul instant. Et c'est là l'erreur que UB semble répéter, comme une force, depuis le début alors que c'est une tare.


Peut-être est-ce parce qu'à cette époque toutes ces approches étaient raillées voire totalement inconnues et c'est ce qui expliquerait cette lourdeur de départ. Si c'est bien le cas, il y avait sûrement d'autres manières plus intelligentes de tourner ces scènes (enfin c'est mon impression).


Ah sinon, dans la traduction, arrêtez de mettre le "l'" avant "Unabomber". D'une part, ça rend la prononciation affreusement moche et en plus on entend "Luna Bomber" - sékiça? - . D'autre part, cet article n'a aucune utilité et ça frise la traduction littérale faite par Google traduction !

Lorsqu'on transcrit une œuvre (aussi bonne soit-elle), surtout chez Netflix, on se doit au moins de ne pas embaucher des nases. Sur ce point, l'objectif n'est pas atteint.


Au passage, je tiens à signaler qu'il est pour moi indécent de glorifier un malade mental - toujours en vie hélas -, tout simplement afin de ne pas alimenter son égo mais également en respect envers ses victimes et les familles ayant souffert.


Je dis cela parce que le "méchant" de l'histoire est presque pris comme un gars sensé, sympathique et...qui "à raison" alors que c'est juste un fou au QI supérieur qui s'amuse à tuer - tout le monde sait que les bombes n'ont jamais apporté la moindre solution. Mais bon, je ne suis pas certain que les scénaristes de Netflix fassent la différence et aient quelques scrupules.

Même après trois épisodes la trame reste difficile à avaler, elle semble affreusement lointaine parce que hors de portée. Celle-ci essaye de "briller intellectuellement" de par ses personnages intelligents et son style (récit assez nerveux avec des sauts temporels).


De même pour les personnages qui ne sont que des échos de héros de séries télé connues. Et comme toute l'histoire est découpée à la tronçonneuse, je n'arrive pas à m'y plonger ni comprendre quoi que ce soit.


Précisons que les protagonistes sont froids et que pas un - en dépit du fait que le héros soit mis en avant - n'aura occasion de nous marquer (tel que Dr House ou Patrick Jane). En somme, ils sont tout à fait oubliables et pas un spectateur ne s'y identifiera.


Fin de saison et rien n'a changé!

En fait, je m'aperçois que le problème central n'est pas du tout le montage ou bien les sauts dans le temps, c'est simplement la manière de raconter les évènements qui se trouve être laconique, fait sur un ton monocorde et complètement détaché. On croirait presque la rubrique des faits divers.


Tout proche de la fin de la saison 1, je suis très gêné par ce ton compatissant que prend UB vis-à-vis de ce sinistre personnage dont elle essaye d'extirper et glorifier les côtés humains. Ce n'est certes qu'une fiction qui s'inspire de faits réels mais je trouve ça particulièrement immonde.

La narration, à moitié occupée par la voix du tueur, ne rend pas la série plus humaine ou authentique. Cela comble simplement le vide du scénario. L'idée était néanmoins bonne bien qu'irréalisable sans contenu conséquent.


En dépit d'un bon sujet, je suis conséquemment obligé de mettre la plus mauvaise note.

Je ne la recommanderai pas non plus, il n'y a rien à en tirer. C'est trop vide, superficiel et froid.

nicaram
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le 3 juil. 2022

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nicaram

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