RoboCop 3
3.6
RoboCop 3

Film de Fred Dekker (1993)

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Troisième opus de la "saga" Robocop. Dans l'univers rieur et chantant de ce Detroit futuriste, les habitants de Cadillac Heights, petit quartier un peu populo, flippent un poil depuis que les unités de rehab, des mercenaires au plastron en plastique à la solde de l'OCP, tentent de mettre tout le monde dehors, l'air de rien. Ils ont quatre jours pour virer tout ce petit monde avant que... que... enfin, dans quatre jours, c'est l'apocalypse/superbowl/saint glinglin et du coup, ils ne pourront plus sortir personne. Allez comprendre. Bref, les locaux se rebiffent, les rehabs ont des griefs et c'est la zone. Cela dit, pour une fois, les flics ne font pas grève, comme quoi, tout n'est pas perdu. Dans tout ça, Robocop s'avère avoir la même batterie que mon vieux 3310 (qui se vidait à chaque appel, précisément après le mot "bonjour") et ne songe pas un instant à tenter de draguer Jill Hennessy et l'officier Lewis rappelle à tout le monde que NON, ELLE NE PORTERA PAS DE GILET PARE-BALLE. Peut-on tomber plus bas ? Oui. Oh que oui.

Oh que oui. L'intro aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, avec cette petite fille au visage porcin, particulièrement laide, que l'on croirait avoir été plongé dans le mutagène avec un banc complet de musaraignes, qui finit à la rue, jetée par les rehabs avec le reste de sa famille qui disparaît rapidement pour être achevé hors-champs par quelque scénariste un poil perfide. Cette même petite horreur sur pattes se retrouve mêler alors aux malversations d'un groupe de résistants du tier-quar, qui part voler des armes dans une quincaillerie de l'armée, grâce à des explosifs qui coupent les portes à la moindre explosion (une explosion ne souffle rien, elle prend un bon fer à souder et se lance rapidement dans la taille, couvrant son affaire de quelques effets pyrotechniques histoire que rien ne se voit). La fine équipe se retrouve face à un caméo mal animé d'ED-209 que la petite s'empresse de hacker pour le rendre docile. Alors, sache-le, ami lecteur, hacker un ED-209 n'est pas si difficile : bon, déjà, c'est à la portée d'une gamine dont les chromosomes indiquent qu'elle est passé à deux coups de rein de la trisomie, ça doit vous mettre la puce à l'oreille. En fait, il suffit de se brancher dessus bien tranquillement et de sélectionner l'option "me rendre service, merci <3", pour que le robot se montre docile. Félicitations, messieurs, un monstre de protection particulièrement utile. Bon, les gentlemen cambrioleurs piquent tout ce qu'ils peuvent, fuient, se font prendre en chasse par des flics moisis (dont Lewis), qui finissent bloqués dans un quartier chaud, et Roboflic, lui, interrompt sa course-poursuite pour aller les aider à repousser - attention, VF fail inside - des Barjots Punks. Alors, les Barjots punks, c'est comme des punks, mal coiffés, très drogués et particulièrement idiots. Mais avec une petite particularité en plus : ils ne se mettent JAMAIS à couvert pendant les fusillades. Jamais. Apparemment, ils sont protégés par une sorte de saint patron de la crête. Donc, comme ils marchent en pleine rue, les flics sont incapables de les tuer. C'est que ça n'est pas facile de tirer sur quelqu'un qui marche droit vers soi. Retenez bien ce détail, il est très utile pour la fin !
Tout ça pour dire, Robocop décide de défendre ces braves gens, peu après s'être rendu pile à l'endroit où tous se cachaient par le plus grand putain des hasards, sans qu'on ne sache réellement pourquoi il se rend droit à cette église. Il a le cyber-nez creux. Là, il se rend compte que les SDF sont des êtres humains avant tout ( \o/ oh yeah ) et prend fait et cause pour eux. Du coup, les rehabs arrivent, ne sont pas contents et tuent Lewis. Oui. Lewis, la brave policière qui a survécu aux deux précédents opus particulièrement violents, à prouver qu'on peut avoir un personnage de femme forte et être aussi utile à l'intrigue qu'un enfant-tronc dans une course de stock car, passe l'arme à gauche. Parce que faute d'avoir un de ces foutus gilets pare-balle, elle se fait truffer de plomb par le grand chef des rehab. Robocop est un peu vénère mais prend direct une grenade de ce même méchant en plein dans le plastron de torse (celui-là même qui est lustré par les soins de @zombiraptor, grâce à une technique que la pudeur m'interdit de révéler ici) et sa batterie de 3310 défaille. Les résistants l'embarquent en s'enfuyant dans les égouts, une planque que ne retrouvent du coup pas du tout les troupes de l'OCP, parce qu'ils ne doivent pas quitter le quartier (pas pendant quatre jours, rappelez-vous, le superbowl !), mais cela n'empêche pas l'énorme consortium de ne pas être foutu de mettre la main sur ces gens qui... Attendez une seconde. Le but des rehabs, c'est de les mettre dehors pour démolir rapidou leurs maisons... et là, vous me dites qu'ils se sont cachés dans des égouts/usine désaffectée. Donc on peut passer l'énorme wrecking ball chère à Miley un peu partout dans Cadillac Heights ? Apparemment, il y a une autre subtilité dans le potage, puisque cela ne vient à l'esprit de strictement personne et le film se poursuit, sur son rail de stupidité, en mode automatique total.
Et ça dure... ça dure. Le script a été écrit en cadavre exquis, du coup, on se retrouve avec des situations complètement improbables, des personnages qui parviennent à se téléporter d'un lieu à l'autre (le traître qui fait face à robocop et apparaît, séquence suivante, dans le repère des gentils, par exemple) ou même les affrontements entre notre héros chromé et les cyber-robots ninjas aux réflexes affûtés et au temps de réponse ultra courts, qui font face à ce qui est, de mémoire d'homme, le plus lent des cyborgs que la Terre ait porté, et se révèlent incapables de le découper en sashimi. Au lieu de ça, ils font des grimaces, frappent avec la garde de leur katana (pratique, ça) et pêchent là où le sabreur d'Indiana Jones pêche, en se la touchant velu jusqu'à ce que le héros - d'une lenteur pachydermique - récupère son arme. L'horreur. En prime, cette sous-intrigue avec le cartel japonais dont on a oublié le nom, qui ne fait pas vraiment son job, la dénonciation chère à la série qui a apparemment préféré avoir piscine ce jour-là et l'absence de Peter Weller, de ses duckfaces et de ses poses de tir à la Run DMC, remplacé par un type dont j'ai oublié le nom, qui n'a jamais l'air de savoir que faire de ses bras et ressemble la plupart du temps à une danseuse classique branchée sur le secteur. Exit violence cathartique, infos télé décalés (malgré quelques essais ratés). Allez, y'a bien une ou deux pubs marrantes. On nous refait le coup du passage en vue subjectif du fameux roboflic mais sans le marteau-piqueur, quel intérêt ? Tout est fait au minimum, sans vague ni relief, lissage parfait d'une oeuvre pourtant un poil plus contestataire à l'origine... Mention spéciale à la séquence finale où les flics ayant déserté leurs postes, les rehabs engagent des Barjots Punks pour aller tuer des gens et tout ce petit monde, locaux+policiers vs Barjots Punks+rehabs se retrouvent en pleine rue pour s'affronter. Heureusement, les Barjots Punks visiblement en sous-nombre, font usage de leur bénédiction pour éviter les balles, sans jamais se mettre à couvert et tuent plein de gentils, je pleure. Jusqu'à ce qu'un Robocop mal incrusté débarque en jetpack pour atomiser de son bras lance-missile un tank. Je continue ou vous avez saisi ?

Nanardisant à outrance, avec de l'enchaînement de séquences idiotes, des gros trous dans l'intrigue, un manque de méchant vraiment charismatique (le chef des rehabs est complètement naze et en prime, j'ai toujours pas compris : c'est l'employé de l'OCP, mais le boss de l'OCP songe jamais à le licencier même quand l'autre abruti lui parle mal... c'est moi ou y'en a un qui a oublié qui signait les chèques ?). En fait, on dirait un épisode de la série télé un poil plus long et pour cause, en réalité, cet opus apparaît comme étant une sorte de long pilote pour cette dernière. Quelle horreur. Du coup, je n'ai même pas parlé de Jill Hennessy, la jolie scientifique qui retape Robocop (mais pas sa batterie, qui restera celle de mon portable). Ha, Jill, tes jeans de rockeuse montés jusque sous tes aisselles, ta chevelure qui ressemble à un tas de foin balayé par Katrina et pourtant, ton charme insolent qui emplit l'écran, dommage que tu te sois vue reléguer à nouveau à un rôle de femme "forte" selon le cahier des charges de Robocop : indépendante, mais profondément inutile pour l'intrigue, puisque pendant que tu pirates les chaînes de télévision, les vrais bonhommes font la guerre dans la rue, oui, ma p'tite dame ! En fait, Robocop 3 est à Robocop premier du nom ce que Rambo 3 est à First Blood. Si tu n'as pas compris, tu as moins de vingt ans, profite de ta jeunesse et regarde plutôt les premiers métrages de ces deux sagas !
0eil
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le 10 févr. 2014

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