Le dernier opus en date ne m'avait pas bien plu, malgré ses quelques bonnes idées. Toutefois, la perspective de ce film m'avait toujours attiré, car outre l'aspect marketing de la chose, c'était une démarche narrativement pertinente.
Et quoique quelques craintes aient pu survenir ici ou là, avec l'annonce de reshoots et le départ d'Alexandre Desplat, force est de constater que le résultat est de qualité.


Si Rogue One pèche par un scénario peut-être trop simple, des personnages manquant d'originalité et un soundtrack qui sans être en carton manque de sel (je renvoie à la critique de LeYéti sur ce point), j'y ai retrouvé le charme des romans de l'Univers Étendu, où Star Wars devient souvent plus sombre, complexe, réaliste et violent, où certains personnages sont vraiment ambigus, et où les Rebelles prennent généralement très, très cher (par exemple Tarkin ou Les Seigneurs des Sith).


Faire interagir un si grand nombre de personnages dans un univers aussi complexe et balisé est un exercice plus que délicat, et au final l'équipe du film a fait du bon boulot (oui, l'équipe, car ce film comme cet univers est un travail extrêmement collectif, ne nous leurrons pas). J'ai au passage trouvé la résurrection en images de synthèse de la jeune Carrie Fisher et de Peter Cushing tout à fait justifiée et réussie.
Le fan-service (injustifié), pratique que je honnis et que je craignais considérant la nature même de Rogue One, n'est finalement que très peu présent, ce film construisant et développant l'univers Star Wars plus qu'il ne l'exploite, et ce malgré son contexte narratif particulier. Un équilibre remarquable. La putasserie n'est donc pas au rendez-vous sur ce point, et seule l'apparition des deux malfrats de la cantina de l'Épisode IV franchit la ligne. Le film reste d'ailleurs plus indépendant que complémentaire du reste de la franchise. L'univers de Star Wars ressort donc approfondi de ce film accessible au profane, notamment par l'aperçu qu'on a du domicile de Vador, qui quand on connaît un peu les arcanes du coté obscur tombe sous le sens.


La mise en scène en général est grandiose, si l'on passe outre le bémol du soundtrack (qui au n'est pas mauvais, loin s'en faut, mis-à-part ce thème "jingle" qu'on entend une ou deux fois et qui ne colle pas du tout, encore une fois je renvoie à la critique susmentionnée qui explicite bien tout ça) et de l'introduction trébuchante (le fameux jingle hein, pas les scènes de prologue). Concernant plus particulièrement les titres et génériques, je suis d'avis que l'équipe aurait du aller jusqu'au bout de sa démarche en proposant quelque chose de totalement différent.


Et surtout, on a quelques vrais moments de cinéma, avec du drame, des larmes, des violons, des chorales. Si certaines situations et répliques peuvent paraître poussées et maladroites, ces quelques moments les rachètent à mes yeux.


Pour dire un mot du casting, je trouve qu'il fait le job. Voir Mads Mikkelsen être de la partie est cocasse, son frère doublant le Grand Amiral Thrawn dans Rebels. En parlant de ça, si le Ghost a été très discrètement intégré à la Bataille de Scarif, j'ai été assez déçu qu'on ait pas droit à au moins un caméo vocal d'une partie de son équipage. Kanan, Hera, ou même Chopper auraient fait l'affaire, bon sang. Niveau continuité, ça ne les aurait pas laissé totalement liés. Enfin j'espère, du coup. Ce serait triste, et abusé. On en a déjà assez eu avec ce film, non ? Peut-être un peu trop, d'ailleurs.
Également concernant l'Univers Étendu, l'intégration à l'histoire de Saw Gerrera, personnage pourtant moyen d'un arc tout aussi moyen de The Clone Wars, est un très bon pont au niveau de la connexion et de la cohérence des différents supports média Star Wars. C'est une démarche inédite, originale et appréciable, qui ouvre bien des portes.


Côté doublage, on remarquera que "l'Étoile Noire" est devenue "l'Étoile de la Mort", décision quelque peu regrettable je trouve car il s'agissait d'un bon point hérité de la traduction désuette des 70's, permettant de bien différencier les deux engins et bénéficiant d'un certain cachet poétique.


Et enfin, il est rassurant d'observer que Disney n'a pas du tout bisounoursifié Star Wars. Dorénavant on pourra enfin se sentir impliqués et craindre pour le destin des personnages qu'on suit. Et le premier qui me parle de cette merde pseudo-pornocynique de GoT, je lui pète la clavicule. Par contre, si son aspect tragique est la grande force de Rogue One, j'ai eu du mal à le savourer pleinement de par mon manque d'attachement aux personnages. Mais bon dieu la scène de Galen et celle de la plage... Pauvre Jyn.


L'apparition finale de Vador, pour le moins exaltante, est la cerise sur le gâteau. De plus, le côté surnaturel de la Force, des sabres laser et autres Sith et Jedi est magnifié par leur (quasi) absence durant tout le film.


Bien entendu, je serais allé voir ce film quoi qu'il arrive (sauf peut-être en cas de décès de ma personne ou ce genre de choses), mais par essence il reste bien plus légitime qu'un spin-off sur Han Solo (pfff) ou Bobba Fett (j'espère que ça n'arrivera pas). Un spin-off sur la vie d'Obi-Wan durant son exil, ou tout simplement prenant place à une période totalement différente (Prélogie ou même avant) serait de bon goût.


Ironiquement, j'ai trouvé ce spin-off supérieur et de loin au Réveil de la Force. Espérons que les futurs spin-offs et peut-être même la trilogie en cours suivent cette voie.


Ah, et au fait : http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Quatorze-plans-des-trailers-de-Star-Wars-Rogue-One-qui-ne-sont-pas-dans-le-film Intrigant... Pourvu que ce soit pour le mieux et qu'on en sache plus prochainement.


P.S. : Oh, I member.

Nevare

Écrit par

Critique lue 258 fois

D'autres avis sur Rogue One - A Star Wars Story

Rogue One - A Star Wars Story
guyness
6

Jeux de lumières, parts d'ombres

Il y a quelque chose de presque magique dans la faculté qu'ont les scénaristes (ils s'y sont mis à quatre ici) pour faire d'une simple phrase dans l'épisode IV un scénario qui tient assez bien la...

le 14 déc. 2016

179 j'aime

39

Rogue One - A Star Wars Story
Gand-Alf
8

Sans retour.

Il va falloir se faire une raison, plus aucun Star Wars ne sera fébrilement et longuement attendu comme ce fut autrefois le cas, le fan devant patienter au minimum dix ou quinze ans pour avoir sa...

le 21 déc. 2016

96 j'aime

17

Rogue One - A Star Wars Story
Velvetman
6

Tropa de Elite

Qu’on se le dise, Hollywood avance ses pions avec ses grandes sagas ou ses grosses franchises mais détourne son regard par des chemins de traverse différents. Au lieu de mettre les pleins phares sur...

le 17 déc. 2016

92 j'aime

3

Du même critique

Les Enquêtes de Morse
Nevare
9

Raffiné, complexe, éblouissant, patient.

Pour commencer, je n'avais pas regardé Inspecteur Morse, ni sa suite Inspecteur Lewis, je ne savais même pas que ces séries existaient ; et après le visionnage de la première saison des Enquêtes de...

le 17 mai 2014

9 j'aime

Inspecteur Morse
Nevare
8

How Hopeless Under Ground Falls The Remorseful Day...

Après avoir été enchanté, éberlué, estomaqué, et plein d'autres trucs positifs par ce qui est désormais ma série préférée de tous les temps, Endeavour (Les Enquêtes de Morse en VF), j'ai décidé de...

le 5 déc. 2014

7 j'aime