Romola
Romola

Film de Henry King (1924)

Si les sœurs Lillian et Dorothy Gish dans une oeuvre historique me font d’abord penser au cinéma de Griffith, il serait tout de même dommage que Romola, adaptation du roman éponyme signé Henry King, tombe totalement dans l'oubli.


Si c'est bien le personnage de la magnifique Lillian Gish qui donne à l'oeuvre son titre, elle est plus axée sur un remarquable William Powell, parfait dans un rôle de salaud guidé par le pouvoir au détriment de ceux qui l'entourent. En général, ce genre de film puise d'abord sa force dans son contexte historique, ici passionnant en nous envoyant vers la fin du XVème siècle, puis dans les personnages, et pour cela, Henry King démontre une vraie maîtrise du scénario.


Ils sont tous intéressants, on va autant s'attacher à la jeune Romola ou sa sœur, que l'on va détester Tito, surtout coupable de jouer avec les sentiments de celles-ci. Le futur metteur en scène du remarquable La Cible Humaine montre une certaine connaissance des codes du muet, il sait jouer avec les visages des personnages pour ne pas trop abuser des cartons explicatifs, parvient à faire comprendre les sentiments des personnages, que ce soit la haine ou la détresse en filmant un simple regard, ce qui participe aussi au charme que l'on peut trouver à Romola.


Néanmoins tout n'est pas parfait, et il n'a pas la maîtrise de Griffith, notamment, pour rendre l'aspect mélodramatique bouleversant, il n'y a pas une dimension forte autour de l'amour ou de la mort et l'oeuvre en souffre un peu. Sans être préjudiciable, c'est tout de même dommage, et ce malgré une reconstitution impeccable ou encore de très bons comédiens, à l'image d'une Lillian Gish, comme toujours, aussi jolie qu'inoubliable, sachant, par un simple regard, faire passer toutes les émotions du monde, et rendre son personnage fascinant.


Si Henry King ne parvient pas à faire de Romola un grand mélodrame bouleversant, il parvient tout de même à nous emmener dans l'Italie du XVème siècle, démontrant un vrai sens du rythme ainsi que de la maîtrise des codes muets, tout en sublimant de très bons comédiens et notamment une inoubliable, comme toujours, Lillian Gish.

Docteur_Jivago
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes We didn't need dialogue, we had faces !, Mes Années 1920 au cinéma, Deuil, Une époque révolue... et Lillian Gish, Magnifique et Intemporelle

Créée

le 9 avr. 2018

Critique lue 290 fois

10 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 290 fois

10
2

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34