Quand une jeune fille de 17 ans se voit séquestrée puis violée avant d'accoucher de l'enfant de son geôlier, elle décide tout de même de s'accrocher à une vie en huis-clos en élevant son fils, Jack.


Si jamais l'idée vous viendrez d'éviter ce film en raison d'une intrigue qui vous révulserez... Ne faites pas ça ! Attendez restez, et ce pour deux raisons.
Premièrement, l'histoire s'inspire d'un fait divers bien plus sordide, où la victime en question - en plus d'être la propre fille du ravisseur - a donné naissance non pas à un enfant, mais bien à sept enfants. Des naissances dues à des viols répétées, perpétrées pendant près de 24 ans, contre seulement 7, dans notre film du jour, signé Lenny Abrahamson.
Voyez-vous, la vie peut sembler plus cruelle et plus fictive que la Fiction elle-même. Petite joueuse rétorque la Vie. Oups on s'égare...
Deuxièmement, Room se révèle être un pseudo-huis-clos proposant un point de vue artistique qui ne laissera pas indifférent. Le cinéaste se complet dans une mise en scène dotée d'une dimension quelque peu fantasmagorique, à la limite du poétique. Tandis que la cruauté visuelle aura quant à elle sa place en hors-champs. Celle-ci soigneusement cachée dans l'ombre du lyrisme dominant le premier acte du récit.


C'est bien cette habilité que je pointerai particulièrement du doigt. A cela s'ajoute une paire d'interprètes avec une puissante force de persuasion, dès les premiers instants.
Une femme qui éduque son enfant, en lui faisant croire que tout ce qui se trouve à l'extérieure de la chambre, est irréel. Enfin jusqu'à que l'âge de raison pointe le bout de son nez... Et même si nous en verrons que des prémices, il faut tout de même admettre un certain talent dans la manière des acteurs à simuler ce type de situation. L'actrice Brie Larson fera tout à fait ses preuves.
Quand le gamin comprend que notre univers s'étend bien au delà de son petit monde calfeutré d'une dizaine de mètres carré, place au désordre psychologique. SPOIL: et oui l'univers est un tantinet plus grand.


Ça ne s'arrêtera pas-là ; le cinéaste L.Abrahamson signe son tour de force avec une transition de qualité entre les deux principaux actes. Vous avez déjà pratiqué l'apnée ? Parce qu'avec cette transition, c'est tout comme.
Le deuxième acte de l'oeuvre en revanche se retranchera dans le discours du pourquoi du comment ; moins prenant mais nécessaire, j'en conviens. Des tentatives seront mis en oeuvre pour évoquer une forme de syndrome de Stockholm, où du moins on décéléra aisément un affectif particulier de la part de l'enfant lié à cette fameuse chambre des malheurs. L'idée est bonne, mais le traitement l'est beaucoup moins.


Une belle découverte sera ce petit drame-tragédie, à qui il sera possible de pardonner les quelques faiblesses d'écriture. Je conseille !

Jordan_Michael
6
Écrit par

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le 27 mars 2019

Critique lue 302 fois

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