oct 2011:

S'il me fallait résumer, je dirais que je n'ai pas été intéressé ni ému par les personnages, trop loin, trop froids, un peu désincarnés mais que j'ai beaucoup aimé la manière dont Fassbinder écrit son histoire, ainsi qu'il la filme.

L'histoire me passe sur le cuir comme goutte d'eau sur plume de canard. J'observe alors avec un réel plaisir le talent d'écriture, ainsi que celui de mise en forme.

Pas la peine de s'éterniser sur ce que raconte le film, je m'en cogne. Je le répète, il y a comme une barrière que je ne parviens pas à franchir. Je ne trouve pas la perche. Sans explication.

Passons plutôt à cette formidable usine à idées de mise en scène qui agite le bocal fassbinderien. J'adore ce que fait ce gars, son génie à placer sa caméra, la finesse des mouvements, l'inventivité des cadrages et cette capacité à proposer de l'innovation, constamment, tout en créant quelque chose qui lui ressemble, une esthétique récurrente, ce qu'on appelle un style, qui n'appartient qu'à lui avec ces procédés habituels, comme l'utilisation constante des reflets, des transparences, ces déformations du champ de vision, sa démultiplication, ses ruptures et la formidable appropriation du cadre, des audaces formelles qu'on retrouve chez beaucoup de cinéaste mais qui font figure ici de constants éléments de construction sémantiques. En effet, les personnages sont autant paumés dans leur vie que dans le cadre.

Je sais que je me répète, mais la familiarité visuelle avec Almodovar se confirme. Peut-être oserais-je noter (ce qui n'est pour le moment et qu'une impression et en aucun cas une certitude) la manière de filmer parfois des personnages de sorte qu'ils apparaissent comme figés, statufiés, et qu'on retrouve dans certains films de Bergman. Je me pose la question en tout cas. A revoir et étayer.

Il faut noter également que la distribution prend sur ce film des teintes francophones avec les participations de Macha Méril et Anna Karina.

Si je n'ai pas pris autant de plaisir à suivre ce film parce que insuffisamment impliqué par l'histoire et les personnages, j'ai passé pourtant un bon moment devant un objet bien foutu.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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