Aujourd'hui, j'ai vu "Rusty James", drôle de film de Coppola avec Matt Dillon, Mickey Rourke, et même Nicolas Cage et Tom Waits dans des rôles secondaires.
D'abord, la crainte : un type en marcel blanc, musclé, le bandeau dans les cheveux, qui se bagarre et se réfugie dans les bras de sa chérie… Quel attrait peut bien avoir ce type de personnage ? On a peur de la ringardise. Mais très vite, le récit évolue et s'affine. On se demande où ça va.
Formellement, c'est très stylisé. Noir et blanc, traitement du son très travaillé… La mise en scène transforme l'environnement capturé par la caméra de manière à nous le faire voir à travers les yeux des protagonistes. On ne voit pas tout en rose, bien au contraire. Noir et blanc, traitement particulier du son, rythme lent… On suffoque, comme les personnages. C'est désagréable.
Et puis, à travers quelques scènes-clés, le sens du film et de sa mise en scène s'éclaire. Les personnages sont comme des souris emprisonnées dans des cages, ils deviennent fous à force de faire du surplace et de ne voir leurs vies aller nulle part. Quant au frère de Rusty James, même la Californie ne lui a pas permis de s'ancrer dans le monde. Désabusé, indifférent à tout, il semble enfermé partout et ne trouver sa place nulle part. Au moins arrive-t-il peut-être à aider son frère à trouver la sienne.
Le film s'arrête enfin sur une échappée : un plan sur la plage, on voit les mouettes. C'est pas beaucoup. On sort de là avec le besoin d'un immense bol d'air, et de retrouver vite plaisir à vivre.