Une bonne BD de Mickey, c'est possible !…

J'ai envie de dire que contrairement à l'album de Lewis Trondheim et Kéramidas, on a ici un vrai scénario !… Ça parle d'ailleurs de l'exercice du scénario puisque Mickey écrit des films… Son producteur veut lui faire écrire une tragédie, mais ce n'est pas son genre, comment va-t-il faire ? Il trouve une bonne idée d'histoire, avec un bon dilemme à la fin, mais ne sait pas alors comment achever son récit… Trouvera-t-il l'idée ultime ? Il y a donc un petit récit enchâssé dans le récit, ça a assez bien marché sur moi.
"Une mystérieuse mélodie", c'est aussi le récit de la rencontre de Mickey et Minnie… Mickey a perdu un texte original de William Shakespeare confié par Dingo, serait-ce sa mystérieuse voisine du train, dont il n'a pas vu le visage, qui le lui aurait dérobé ?…
L'album, à mon avis, est absolument enchanteur. Ça tient à une atmosphère particulière, une désuétude assumée et délicieuse : c'est sand doute la première fois que j'aimerais vivre dans le même univers que Mickey. Ça tient notamment à la rondeur et à la simplicité de dessin. Je développe : la progression du travail graphique de Cosey au cours de sa carrière est absolument remarquable. Franchement, les premiers Jonathan sont plutôt moches, mais plus son oeuvre a avancé, plus Cosey a atteint une forme de dessin synthétique, calligraphique, simple, assez magnifique, à mon goût. Son travail tire tout de même toujours vers le dessin réaliste. Là, il marie son univers graphique à celui, beaucoup plus stylisé, de Mickey : franchement, ça fait des étincelles. J'ai trouvé l'album incroyablement beau à contempler, et ça participe entièrement à l'enchantement de l'album. Les couleurs sont extrêmement belles et Cosey use magnifiquement aussi du noir (les scènes dans le train, de nuit, sont vraiment superbes !)
Enfin, Minnie est plus intéressante que d'habitude (pas difficile, malheureusement), et Dingo est assez drôle en hobo magnifique, qui fait régulièrement des déclaration extraordinaires ("pour voir un voeu se réaliser, il faut souhaiter l'inévitable").

Je ne remercierai jamais assez Jacques Glénat d'avoir signé ces contrats avec Disney, qui lui a permis d'éditer l'intégrale de l'oeuvre de Carl Barks, Don Rosa, Floyd Gottredson, et d'éditer des histoires inédites de l'univers Disney par de grands auteurs européens… Vivement les albums de Loisel et Tebo !