Après le carton au box office du très surfait « Intouchables », on s’interrogeait à savoir comment allaient rebondir Toledano et Nakache. Déjà on peut louer leur ambition de retenir, une fois encore, un sujet social difficile, auquel ils apportent leur sincérité et leur fraîcheur et une belle lumière baignant intelligemment chaque situation. Cela ne suffit pourtant pas à faire de « Samba » une réussite, loin s’en faut.
Les deux réalisateurs donnent même ici l’impression de réaliser leur second film, celui sur lequel on se concentre moins sur le sujet que de flatter toutes les attentes d’un large public populaire, élitiste, critique…). On oscille ainsi entre comédie (parfois lourde) et drame, le film perdant toute empreinte. Immanquablement, cela joue aussi sur la longueur en voulant trop bien faire, Toledano et Nakache plombent le rythme par un effet de « remplissage » à l’écran (scènes qui s’attardent, comique à répétition agaçant…) probant et qui ne pardonne pas.
La distorsion du jeu des acteurs est un réel écueil également. Charlotte Gainsbourg, toujours à la limite de l’évanescence est radieuse au point de vampiriser un Omar Sy hébété et parfois peu crédible (on constate de fait ses limites d’acteur). Ce qui fait que toutes leurs scènes « intimes » sont quasi ratées (à l’exception de la scène dans le resto-route), Sy se plaçant souvent comme un répétiteur de l’actrice. Heureusement, tous les moments complémentaires sont bien ajustés et souvent réjouissants (l’after de la fête du foyer, le centre de transit, les ambiances de rue…) et là, ce sont les seconds rôles qui rayonnent (Tahar Rahim, Hélène Vincent, Issaka Sawadogo…).
Si l'on ajoute à cela, l’agressivité de l’illustration musicale (omniprésente, trop illustrative des réactions attendues) l’ennui et l'agacement planent sur ce film dont le sujet méritait un peu plus de maîtrise, mais surtout de profondeur.