Samsara
7.9
Samsara

Documentaire de Ron Fricke (2011)

Difficile de ne pas comparer un film comme Samsara à ce qui est probablement son maître étalon, et la référence du film non-narratif à la National Geographic : Koyaanisqatsi. D'autant plus que Ron Fricke, réalisateur de Samsara (et son prédécesseur Baraka), était directeur de la photographie sur Koyaanisqatsi.

On retrouve dans Samsara la même volonté d'incorporer sur un propos thématique des images, visuellement splendides, d'un tour du monde coloré et varié. Comme Baraka, Samsara a été filmé en 65 mm dans 25 pays différents : Egypte, Inde, Thaïlande, Dubai, France, etc etc, tous permettent à Fricke de composer une carte des possibilités visuelles et culturelles offertes par le monde d'aujourd'hui. Cela permet évidemment d'obtenir des contrastes saisissants : aux coutumes de peuples indigènes et à la splendeur des roches désertiques viendront s'opposer les productions agro-alimentaires géantes, la robotique, et, dans ce qui est probablement la partie la plus WTF du film, un parrain de la pègre africain être enterré dans un cercueil en forme d'AK-47. A ce titre, Samsara possède une atmosphère plus terre-à-terre, plus proche de nous que Baraka qui visait plus des thématiques spirituelles.

Cependant, il reste difficile d'atteindre les sommets atteints par Koyaanisqatsi. Où se situe la faute ? Probablement dans une mise en scène trop simple, trop peu osée, ce qui est d'autant plus dommage que le film n'est jamais aussi frappant que lorsque la Panavision Super 70 se met à zig-zager entre les usagers du métro japonais, ou à tourner autour de pierres sculptées pendant que les jours passent à vitesse grand V en arrière plans. Couplée à une musique pas vraiment inoubliable, et au final assez quelconque et trop impersonnelle, Samsara laisse un goût d'inachevé, comme si Fricke avait simplement raté sa cible.

Avec un discours aujourd'hui redondants (les pauvres c'est triste, la guerre c'est moche, la vie c'est court) et manquant de fulgurances visuelles, Samsara devient donc une carte postale un peu naïve, certes très jolie, mais du coup beaucoup moins ludique.
Remy_Pignatiell
7
Écrit par

Créée

le 20 oct. 2013

Critique lue 1.1K fois

Critique lue 1.1K fois

D'autres avis sur Samsara

Samsara
Anyo
10

Permanence de l'éphémère

L'immersion totale que procure le format 70mm combinée aux prises de vues dantesques de Ron Fricke donnent le tournis. "Samsara" redonne au cinéma son sens initial, un fabuleux spectacle d'images et...

Par

le 29 mars 2013

48 j'aime

3

Samsara
Krokodebil
8

Merveilleuses constructions de l'impalpable

Difficile de revenir sur Samsara après l'avoir vu. Les milliers de plans qui défilent, la variété des objets filmés, la rapidité d'enchaînement des images et l'aspect massif de l'oeuvre sont autant...

le 28 mars 2013

36 j'aime

3

Samsara
Deleuze
9

Vingt mille lieues sur la Terre

Samsara de Ron Fricke est une longue poésie, un tableau vivant de la Terre. L’idée de passer une centaine de minutes en face d’une œuvre non verbale peut sans aucun doutes en rebuter plus d’un mais...

le 6 juin 2013

21 j'aime

13

Du même critique

L'Effondrement
Remy_Pignatiell
4

L'enlisement progressif dans la caricature

La série démarre plutôt bien avec un premier épisode dont le concept de plan séquence surprend mais démontre répidement son efficacité mais surtout un premier épisode dôté d'une écriture plutôt...

le 26 nov. 2019

18 j'aime

9

EVERYTHING IS LOVE
Remy_Pignatiell
2

EVERYTHING IS COMTEMPT

Pour un album dont le titre affiche en majuscules (pour bien marteler l'intention) EVERYTHING IS LOVE, on ne peut qu'être surpris par l'évident mépris affiché pendant les longues 38 minutes de cet...

le 21 juin 2018

11 j'aime

2

Le Cerveau
Remy_Pignatiell
7

Critique de Le Cerveau par Remy Pignatiello

Il y a quelque chose qui clochera toujours dans Le cerveau, probablement parce qu'il pointe péniblement à 1h54. C'est bien dommage, car il y a une certaine hystérie souvent hilarante, avec une troupe...

le 20 oct. 2013

8 j'aime