Samsara par Remy Pignatiello
Difficile de ne pas comparer un film comme Samsara à ce qui est probablement son maître étalon, et la référence du film non-narratif à la National Geographic : Koyaanisqatsi. D'autant plus que Ron Fricke, réalisateur de Samsara (et son prédécesseur Baraka), était directeur de la photographie sur Koyaanisqatsi.
On retrouve dans Samsara la même volonté d'incorporer sur un propos thématique des images, visuellement splendides, d'un tour du monde coloré et varié. Comme Baraka, Samsara a été filmé en 65 mm dans 25 pays différents : Egypte, Inde, Thaïlande, Dubai, France, etc etc, tous permettent à Fricke de composer une carte des possibilités visuelles et culturelles offertes par le monde d'aujourd'hui. Cela permet évidemment d'obtenir des contrastes saisissants : aux coutumes de peuples indigènes et à la splendeur des roches désertiques viendront s'opposer les productions agro-alimentaires géantes, la robotique, et, dans ce qui est probablement la partie la plus WTF du film, un parrain de la pègre africain être enterré dans un cercueil en forme d'AK-47. A ce titre, Samsara possède une atmosphère plus terre-à-terre, plus proche de nous que Baraka qui visait plus des thématiques spirituelles.
Cependant, il reste difficile d'atteindre les sommets atteints par Koyaanisqatsi. Où se situe la faute ? Probablement dans une mise en scène trop simple, trop peu osée, ce qui est d'autant plus dommage que le film n'est jamais aussi frappant que lorsque la Panavision Super 70 se met à zig-zager entre les usagers du métro japonais, ou à tourner autour de pierres sculptées pendant que les jours passent à vitesse grand V en arrière plans. Couplée à une musique pas vraiment inoubliable, et au final assez quelconque et trop impersonnelle, Samsara laisse un goût d'inachevé, comme si Fricke avait simplement raté sa cible.
Avec un discours aujourd'hui redondants (les pauvres c'est triste, la guerre c'est moche, la vie c'est court) et manquant de fulgurances visuelles, Samsara devient donc une carte postale un peu naïve, certes très jolie, mais du coup beaucoup moins ludique.